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Enseignement du lundi 2 juin 2014

  • associationtaiyang
  • 2 juin 2014
  • 15 min de lecture

J'ai rencontré aujourd'hui pour la première fois une personne. Lorsque je lui demande la raison de sa présence ici, elle se met à pleurer : son mari l'a quittée en 2003 sans signes avant-coureurs pour refaire sa vie, son avocat lui conseille de faire une procédure bien solide pour faute et de le faire payer. Nous sommes en 2014 et rien n'a avancé : elle n'a plus d'argent, vit dans un gîte parce qu'elle n'a plus rien. Parmi ses 2 filles, une a pris le parti du père donc elles ne se parlent plus, l'autre la voit très rarement. Tous ses amis l'ont abandonnée et elle veut mourir. Voilà une situation facile à expliquer en quelques phrases et une vie complètement détruite.


Je lui pose quelques questions :

  • Est-ce que vous avez de la colère ? beaucoup contre mon ex-mari, ma fille, mon premier, deuxième et troisième avocat, de la colère contre tout le monde.

  • Est-ce que vous dormez bien ? Elle ne dort plus, envahie par des pensées négatives : je m'endors, je pense à ça ; je me réveille, je pense à ça.

Alors vous n'avez plus besoin de vous suicider puisque vous l'avez déjà fait en 2003. Cela fait 11 ans que vous avez vous même brisé votre vie, puisqu'apparemment toute votre vie ne dépendait que d'une seule personne. Et vous avez décidé de faire souffrir cette personne. Or il semble que vous n'ayez pas réussi parce que la personne qui souffre là devant moi, c'est vous. Quand on a l'envie de faire payer l'autre, de faire du mal c'est souvent en rapport avec l'excès de souffrance que nous avons ressenti nous-mêmes . Nous sommes bien loin de l'empathie, à des années-lumière. On fait le contraire, on cherche juste à faire payer à l'autre l'excès de souffrance ressenti.


L'excès de souffrance que je ressens dépend-t-il toujours de l'autre ? Ou n'y a-t-il pas une grande part de cette souffrance qui dépende de moi, de mes attentes, de mes attachements, de mon incapacité à voir les choses telles qu'elles sont, de comprendre l'autre ?

Est-ce que le fait de faire payer l'autre va me garantir l'apaisement ? Ce n'est pas sûr, quand on a fait autant de dégâts, une dépression depuis plus de 10 ans, des enfants qui ne nous parle plus. Même si l'autre paye, il y a peu de chance qu'il y ait satisfaction, contentement. C'est beaucoup de temps perdu, de souffrances accumulées pour rien.


Elle me dit : « J'ai maintenant plus de 70 ans et je ne vois pas l'intérêt de continuer à vivre, j'ai abandonné toutes mes activités parce que je ne veux plus voir les gens, je n'ai plus d'argent...toutes les raisons sont valables pour qu'on n'arrête tout, qu'on s'isole et qu'on attende de mourir ». Il m'a fallu quelques minutes pour lui répondre car il y avait beaucoup d'émotions dans ses propos. Tout en ayant vraiment envie de l'aider, je ne voulais pas céder à la pitié qui n'aurait absolument rien apporté. C'est tentant dans ces moments de vouloir juste réconforter, rassurer, dire quelques mots gentils. Ce n'est pas ce que je devais lui dire.


Alors doucement j'ai abordé le sujet de l'empathie, du pardon. Pardonner aux autres, pardonner à soi-même, c'est se donner une possibilité de se libérer des entraves de nos émotions. L'empathie c'est savoir être attentif aux autres. Si l'attention que je porte aux autres va au-delà de ce que je peux espérer pour moi-même alors je commence à dépasser des limites : être capable de ne pas être dépendant de ce que moi je voudrais, de ce que moi j'ai envie d'obtenir. Mais je vais être attentif à ce que je voudrais que les autres obtiennent, essayer de sentir ce que les autres ressentent, de comprendre, de prendre le temps pour découvrir les pensées des autres.


L’empathie c'est aussi savoir contrôler son langage : lorsqu'on exprime nos idées, très souvent on utilise une forme impérative, avec une volonté d'imposer sa vision des choses. On ne propose pas, on impose : « moi….je ».

Si on utilise « j'ai l'impression que... » et à la fin d'une phrase où vous proposez votre idée " je me trompe » ou « est-ce que tu penses que j'ai raison ? », « je peux me tromper, je ne suis pas sûr ».ou « j'ai cru comprendre », « il m'a semblé… ». Des formules plus douces qui laissent l'ouverture à un dialogue, un échange et non des formules toutes tranchées qui ne peuvent qu'en imposer. L'autre va réagir par son Ego et on a un conflit qu'on n'avait pas envie de générer. Cette personne se retrouve dans une situation qu'elle n'a jamais voulue. Si on avait pu lui dire 11 ans avant, si tu fais cela tu vas obtenir cela, est ce que tu le veux ? Elle aurait dit non. Quand je lui dis si là maintenant, je vous donne 10 jours de bonheur absolu, vous le prenez ? Elle m'a dit oui. Alors il va falloir les construire parce que 10 jours de bonheur à l'âge que vous avez c'est possible. Je pense même que vous pouvez en avoir plus. Seulement depuis 11 ans vous en avez eu zéro. La misère humaine dans notre société, c’est ça : « j'ai cru que j'allais gagner quelque chose or j'ai tout perdu ». Si ce n'est pas de l'ignorance et de l'aveuglement ! Ce qui ne veut pas dire qu'il faut tout accepter des autres, tout subir et tout le temps plier comme on en a tendance à essayer de me dire « oui, mais moi alors je ne dois rien dire… » Non ce n'est pas ainsi, mais je dois m'exprimer autrement quand je suis sûr que ce n'est pas le fruit de mes émotions qui sont liées à mes désirs, mes attentes, mes attachements, mon ignorance, ma colère. Et là je peux mettre clairement les limites de ce que je suis prêt à accepter ou pas. Donc ce n'est pas une façon de tout accepter et de ne plus rien exprimer, c'est le contraire. Si vous dîtes à quelqu'un « je ne suis pas sûr... » cela n'empêche pas de dire ce que vous pensez. Ça laisse la possibilité à l'autre de donner son avis, de ne pas se sentir blessé immédiatement, de ne pas avoir le sentiment que vous imposez. Sinon on décale notre positionnement et c'est comme si on se plaçait au-dessus de l’autre : « moi je sais et toi tu ignores ». Qui a envie d'être traité d'ignorant ? Personne. Donc votre Ego étant touché, il n'écoute plus. On ferme tout et on réagit de façon brutale. C'est tout simple. Si vous l'observez, c'est facile à déclencher car il n’y a pas besoin d'apprentissage pour réagir comme ça. Mais en l'observant, vous pouvez mieux vous comprendre et éviter de le reproduire en essayant d'être plus prudent.


Il est possible que parfois vous ne sachiez pas quoi répondre dans une situation où vous sentez que votre Ego a été touché. Dans ce cas, je vous conseille de ne pas répondre, pas tout de suite, attendez!!!!! La personne en face à toutes les chances de ne pas comprendre votre attitude et de continuer à vous agresser parce que vous ne parlez pas. Accepter cela aussi comme un lot global. Quand les tensions seront apaisées vous pourrez expliquer que n'ayant pas la certitude de ne pas dire des bêtises ou des choses blessantes, de pouvoir contrôler correctement votre esprit, vous avez préféré le silence et qu'après un temps de réflexion vous pourrez à nouveau aborder le sujet. La personne comprendra à ce moment-là, même si elle s'est emportée. C'est moins grave que de jeter les phrases qui font mal, que de dire les mots qui blessent, parce que pour réparer c'est bien plus compliqué.

Parfois on ne répare pas, voir jamais. Alors que le silence même si ça blesse sur le moment parce que l'Ego de l'autre est fort, qu'il veut des réponses, de la bagarre, des coups, des échanges, est moins destructeur . Au final vous avez plus de chance d'obtenir la paix ainsi. Pourtant, on a beau le savoir quand l'Ego est touché cela va tellement vite. Si vite que souvent nous n'avons pas le contrôle de notre esprit et de nos paroles ou actes.


Pour la coupe du monde du Brésil, les sportifs subissent un entrainement incroyable, des "sur- hommes". On sait les objectifs qu'on veut qu'ils atteignent. Pour se faire, il leur faut un entrainement long avec remise en question, dans des situations les plus proches de la réalité. Pourtant ce n'est jamais la réalité. Mais si on s'est bien entraîné à cela, d'un seul coup quand la compétition arrive, que vous êtes dans la réalité, vous avez des acquis. C'est pareil pour l'esprit, si vous ne travaillez jamais dans ce domaine, quand les situations se présentent à vous et bien vous n'avez pas le temps de contrôler. Une fois parti, c'est trop tard. On ne peut que constater les dégâts après coup.

Mais en s’entraînant régulièrement, vous savez à quel moment il faut éviter d'aller trop loin. On le contrôle et c'est plus facile de faire accepter ce contrôle , que des phrases qui ont blessé ou vexé des gens de manière parfois irrémédiable. Prendre le risque de blesser quelqu'un profondément, même si on répare, fait qu'il restera toujours la trace des mots prononcés. Parfois des gens passent toute leur vie avec une phrase prononcée quand ils étaient enfant par un des parents et qu'ils n'ont jamais acceptée : une jalousie par rapport à un frère ou une sœur. Ils ont gardé cela comme gravé dans du marbre. Si on peut l'éviter, on fait un cadeau autour de soi.


On offre aux autres la paix parce qu'on a conscience que le conflit va plus vite et est plus spontané que d'être capable de ne pas le faire. On va tout mettre en œuvre pour se dire que si cela se présente à moi, j'aimerai éviter ce résultat, éviter de blesser, de faire du mal. Si on a cela en conscience, en permanence dans nos méditations alors il sera plus facile de le mettre en application.


Dans la formation des thérapeutes, on leur demande de ne pas être trop proches de leurs patients. Une lecture intéressante d'Alexandre Jollien "l'éloge de la faiblesse" permet de comprendre qu'il se situe comme patient et maintenant philosophe. Il explique que c'est certainement une des grandes souffrances que subissent les gens qui n'ont pas droit à cet amour parce qu'on refuse la proximité. On se dit qu'il faut toujours une distance respectable,

qu'on ne doit pas s'engager personnellement, qu'on ne doit jamais prendre des exemples tirés de sa vie privée, il ne faut jamais s'exposer, ce qui crée 2 niveaux. Alors que l'équanimité ce n'est pas cela, on est tous au même niveau. Les exemples personnels que vous pouvez vivre sont les exemples des autres. Quand je prends des exemples dans ma vie ou dans le partage que je peux avoir avec mes patients, cela parle à tout le monde. Cela ne parait étranger à personne parce que c'est banalement samsara, notre vie à tous. C'est là-dedans qu'on baigne, c'est là qu'il faut aller puiser les éléments qui nous permettent de faire mieux. Il n'y a pas besoin d'aller chercher dans des choses compliquées ou neutres ou dans des textes philosophiques trop élevés, ce n'est pas nécessaire.

Tout se trouve dans notre vie de tous les jours, les véritables épreuves que vous allez vivre ne sont pas littéraires mais banalement quotidiennes et vous pouvez aller chercher beaucoup de philosophie dans le quotidien, dans le simple rapport que vous avez les uns avec les autres. On arrive à des extrêmes qui paraissent inconcevables.

Ce week-end avec mon épouse, nous étions invités chez des gens qui nous racontaient une histoire qui semble invraisemblable, pourtant cela s'est passé il y a 15 jours. Sa mère a été opérée sans que personne dans la famille ne sache vraiment de quoi. Elle était à l'hôpital . Finalement elle est décédée et on s'est aperçu qu'elle avait été amputée mais personne ne le savait. C'est inconcevable et pourtant cela s'est produit. On est tous très occupés, plein de choses à faire, on travaille, on habite loin...toutes les bonnes raisons qui font que pour sa propre mère on n'a plus de temps. Celle qui vous a élevé, qui vous a tenu dans ses bras des milliers d'heures... Quelque chose ne va pas. C'est pour cela que j'essaye de vous dire de faire attention à vous même, la personne dont je parlais au début qui depuis 11 ans vit une situation insupportable, est co-responsable de cette situation. Son mari est responsable au départ du changement, de la transformation de la situation, mais pas des 11 ans de souffrance.


J'ai accompagné une personne dans une situation presque identique voir plus compliquée au départ. Je lui ai donné dès le début 2 pistes :

  1. vous faîtes le procès, le jugement, les confrontations…. Et au bout je vous garantis une souffrance très élevée,

  2. on va travailler sur le pardon, on va essayer de souffrir le moins possible et je vous garantis moins de souffrance.

Qu'est-ce que vous choisissez ? Si c'est le premier vous n'avez pas besoin de moi. Si vous choisissez le deuxième, il vous faut un accompagnement parce qu'il n'est pas facile de résister à la pression extérieure. Elle a choisi le deuxième. Maintenant tout est loin derrière elle, elle vit très bien aujourd’hui, elle a recréé une vie de couple qui va bien, gardé de bons contacts avec celui qui l'avait trahie de manière violente. Tout a été dans l'apaisement le plus vite et le mieux possible. Finalement ce fameux coupable qu'on aurait pu accabler, a reçu tellement de leçon de la part de son ex-femme qu'il a fini par le lui dire. Il n'aurait jamais imaginé que sa femme puisse avoir autant en elle et que ça lui apportait énormément pour sa propre vie. Que veut-on de plus ? Cela ne va pas dire que l'on se remette ensemble, ce n'est pas l'idée mais de ne pas souffrir inutilement. Les enfants qui s'en vont, qui se disputent, qu'on ne voit plus, les parents qui se disputent...ne peut-on pas faire mieux ? Tout va tellement vite.

Parfois regardez juste 5 minutes les émissions de télé réalité, c'est suffisant pour comprendre ce que je veux dire, c'est terrible. Maintenant d'ailleurs on ne bipe même plus les gros mots, c'est de la querelle du début à la fin. On met tout en place pour que les gens se disputent et cela marche très bien. C'est tellement facile, on se dit quelle bande d’abrutis ! mais nous on ne nous filme pas. Pourtant dans certaines situations on pourrait se mettre dans le lot parce qu'on fait pareil. Plusieurs fois j'ai pris cet exemple de l'enfant qu'on protège bien dans la voiture, avec le siège auto, la ceinture...mais à qui l'on transmet notre incivilité au volant.


En venant on s'est fait doubler par une petite voiture anglaise décapotable dans laquelle il y avait un enfant bien attaché mais le chauffeur roulait au moins à 170 km/h. On attache bien son enfant mais on lui montre qu'il faut y aller à fond. Cet enfant roulera comme un fou plus tard puisque son père lui a montré l'exemple. Il n'y a pas de raisons qu'il fasse autrement. On transmet des choses pour plus tard.


Si on y fait attention, qu'on en a conscience, on est plus le même. Si on sait qu'on doit aussi protéger l'esprit de nos enfants et pas seulement le corps, alors cela devient une habitude. Je fais attention à moi-même parce que je ne veux pas transmettre à mes enfants mes poisons. Je n'ai pas envie. Et si cela m'arrive, ce qui est obligatoire, ce qui va de toutes façons m'arriver parce que dans une vie on peut se faire envahir très vite, je fais en sorte de réparer rapidement. . On peut dire à l'enfant que ce qu'on a fait ou dit hier, n'était pas juste. Là j'ai corrigé, j'ai amené les éléments pour que l'enfant accepte l'humilité, comprenne ce qu'est l'empathie.


Ces éléments je vais les lui transmettre par mon exemple. Si je gueule souvent, je le lui transmets. Et il fera pareil, c'est un véritable héritage. Souvent je dis que l'héritage ne doit pas se trouver dans une banque mais dans tout ce que vous avez représenté pour lui, tout ce que vous avez fait pour lui et pour être juste avec vous-même et les autres. C'est cela l'héritage et l'empathie en fait partie.


Dans les écoles TCV des émigrés tibétains en Inde il y a des grands panneaux partout à l'entrée "OTHERS BEFORE SELF" "LES AUTRES AVANT SOI MÊME". C'est cette éducation qu'on essaye de donner aux enfants, de leur faire d'abord penser aux autres. Cela fonctionne vraiment bien parce que quand vous avez de nouveaux élèves qui arrivent, ils sont assez traumatisés, ils viennent du Tibet souvent sans les parents, ils ont fait un périple extrêmement difficile au travers de l'Himalaya, ils ont très certainement croisé la mort. Il faut qu'ils puissent redémarrer une scolarité, retrouver un milieu dans lequel ils vont peut-être pouvoir évoluer, ce qui n'est pas gagné au départ. Donc plutôt que de compter seulement sur les enseignants, le système comprend une structure avec une dizaine d'enfants, une amala qui est une mère de substitution, qui sera leur référence pendant des années, et on demande aux enfants plus grands qui sont là depuis quelques années d'avoir chacun un filleul qu'ils vont accompagner, aider, et soutenir. Tout marche beaucoup mieux qu'avec des adultes. Les enfants entre eux communiquent plus facilement, les choses se font plus simplement. On pourrait le faire chez nous, c'est un système facile à faire. Dans un collège avec 6ème, 5ème, 4ème, 3ème, les 3èmes pourraient aider les 6ème et les 4èmes pourraient s'occuper des 5èmes. On habituerait les uns et les autres à l'empathie depuis l'enfance. Cela ne parait pas extraordinaire à mettre en place. Quand il y a 1 heure d'étude en fin de journée, on met ensemble un parrain/un filleul, le plus grand va aider le plus petit. Tout le monde peut avoir de l'empathie pour les autres : quand le petit a un bon résultat parce qu'il a travaillé avec le grand, cela fait un double bonheur pour le petit et pour le grand. On apprend qu'on peut être heureux en ayant donné à l'autre et pas uniquement en recevant pour soi.

Voilà comment on peut construire l'empathie même dans l'éducation.


Quand on n'a pas cela dans les écoles parce que chez nous ce n'est pas la pratique, on peut le mettre nous-même en place dans l'éducation qu'on va donner à nos enfants. On peut le leur transmettre depuis le plus jeune âge, les enfants, les petits enfants. On peut essayer de leur transmettre et croyez-moi cela aura un impact fort dans leur vie future.


Réponse aux questions:

Comment faire pour leur transmettre ces notions ?


Si on a un enfant qui s'oppose à tout ou presque, il faut lui apprendre qu'il est bien d'avoir des avis différents pour échanger, il est important de pouvoir parler avec quelqu'un qui a un avis diamétralement opposé. Ça va l'habituer à garder une ouverture même quand on n'a pas la même idée que lui, et c'est un apprentissage de long terme à démarrer le plus tôt possible . Si l'enfant se ferme, il faut que l'adulte s'ouvre sinon la situation va rester bloquée.

Il faut éviter de montrer que la réaction de l'enfant n'a pas plu, mais rester dans l'amour, dans le partage, expliquer qu'on a le droit de ne pas être du même avis.


Il faut que l'adulte reproduise cette démarche encore, encore et encore sans attente de résultats immédiats mais plutôt à moyen et long terme « NEVER GIVE UP » – « NE JAMAIS LÂCHER ». Un jour ou l'autre cela aura un impact.

C'est payant. Parfois il faut avoir la foi parce qu'on a essayé des dizaines de fois et qu'on n'y croit plus. Parfois l'enfant ne veut pas accepter ce qui vient du parent devant le parent en question, alors que finalement il l'a accepté quand il est à l'extérieur, avec d'autres.


Il faut accepter le conflit des générations, les problèmes avec les ados.


Je croyais que tous les ados du monde bouleversaient leurs parents alors qu'au Tibet, cette étape de la croissance est différente. C'est nous qui avons créé ces états de conflits avec les jeunes. Alors que chez eux, à la base, dans l'éducation pour les jeunes, il y a l'empathie. C'est tellement imprégné que pour les jeunes il est difficile de dépasser une limite qui se situe au maximum de ce qu'on peut échanger quand on a compris le niveau d'échange pour ne pas faire souffrir l'autre, c'est essentiel. C'est une notion très prégnante, c'est une vraie conscience permanente de ne jamais faire souffrir l'autre. On s'aperçoit que dans la religion catholique on a la même chose : en pensées, en paroles, par actions ou par omissions. C'est exactement pareil : on peut faire souffrir en pensées, ... par omissions. Je n'ai pas la volonté de faire souffrir mais c'est ce qu'il va se passer. Si quand mes enfants rentrent, j'ai des attentions pour l'un et pas pour l'autre, forcément il y en a un qui souffre immédiatement. Beaucoup de gens ont souffert parce qu'un regard bienveillant est porté sur l'autre et pas sur eux. On ne les a pas blessés par des mots mais ils ont souffert. Cette conscience de la multiplicité des sources de souffrance fait partie de l'éducation donc on n’a pas de raisons de faire souffrir trop les parents. Cela n'arrive pas du tout de la même façon, je ne dis pas que cela n'arrive jamais, il y a des conflits comme partout, mais globalement cela paraît plus apaisé.


Ce n'est pas la société idéale, mais dans l'éducation il y a quelque chose de présent pour éviter le côté systématique. Alors que chez nous comme on pousse à l’Ego alors forcément il s'exprime, à priori on a créé le système.


Par exemple, un enfant fait un dessin nul et les parents s'extasient comme si c'était une œuvre d'art. Il serait plus utile de lui apprendre l'humilité, de lui dire qu’il peut mieux faire. Là on pousse son Ego. Ils sont des merveilles parce qu’on en a fait des merveilles. Quand un jour la réalité de la société leur tombe dessus, ils réalisent qu'ils ne sont pas aussi merveilleux et ils en veulent à leurs parents qui leur ont fait croire l'inverse. Quand on veut toujours trop valoriser l'enfant, on n'apprend pas l'humilité, on n'apprend pas l'échec. D'ailleurs personne n'enseigne l'échec mais uniquement la réussite.


Mon premier maître au premier enseignement disait: "il faut d'abord apprendre l'échec" ce qui ne m'intéressait pas. Je voulais apprendre à être le meilleur alors qu'il fallait apprendre à perdre, parce que gagner tout le monde sait faire, c'est une autre façon de voir les choses. On a trop tendance à pousser nos enfants à vouloir qu'ils soient performants, les meilleurs partout, le meilleur métier... Peu à peu tout s'écroule. On sent qu'ils ne sont pas heureux, rarement satisfaits malgré tout ce qu'ils ont. Donc il y a autre chose à leur apporter dans l'esprit : les sources du contentement c'est magnifique. Quand on a en soi le contentement parce qu'on l'a travaillé dessus depuis des années, on le transmet spontanément, sans faire de leçons parce que la transmission se fait par l'exemple.


Soyez généreux, soyez compatissant, soyez dans l'empathie, soyez vous-même. Soyez heureux, ça peut être très contagieux.

 
 
 

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