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Enseignement du samedi 12/9/2014

  • associationtaiyang
  • 12 sept. 2014
  • 22 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 nov. 2019

J'ai relevé les paroles de gens très différents au travers des siècles.

Je vais commencer par Bouddha :

tant que l'homme n'a pas acquis l'amour il est condamné à vivre enchainé

En 551 avant JC, Confucius :

ne faîtes pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fit
commettre une faute et ne pas la racheter, cela seulement s'appelle une faute

Ce qui rappelle notre travail sur le pardon.

celui qui est uniquement préoccupé par la pureté de sa propre vie, jette le trouble dans les grands rouages sociaux

On pourrait vraiment le mettre dans le contexte d'aujourd'hui, rien n'a changé pourtant il y a 2 500 ans.


En 570 avant JC, Lao tseu :

il n'est rien qui ne s'arrange par la pratique du non agir

Le lâcher prise est une notion autour de laquelle on tourne depuis des siècles en pensant avoir compris et a priori on n'a toujours pas compris et on ne sait toujours pas comment faire.

choisis envers autrui la bienveillance

Le grec Plotin 2 siècles après JC :

celui qui parvient à ne plus faire qu'un avec lui-même sans plus se dédoubler, est en même temps tout un avec Dieu qui est présent en lui

Unité, centrage, concentration.


Saint Augustin 354 après JC :

tu me fais pénétrer à l'intérieur de moi-même dans une douceur unique, inconnue, fais le vide en toi afin que tu puisses être comblé

Abou Mansour El Ali mort en 922 :

celui qui ayant soif de Dieu, prend la raison pour guide, elle le mène paître dans une perplexité où elle le laisse s'agiter, ces états de conscience se fanent dans l'équivoque et il se dit perplexe : existe-t-il ?

Les excès intellectuels quand on veut tout ramener à une vérité incontournable, justifiée, prouvée. On est bien dans ce contexte aujourd'hui avec toutes les démarches scientifiques qui ne veulent voir dans les possibilités d'avancer que les éléments scientifiquement prouvés. Ce qui n'est pas prouvé n'existe pas. OIr on peut noter qu'au fil des siècles, des choses n'existant pas sont aujourd'hui reconnues et prouvées. Les pauvres gens qui à l'époque avaient eu le tort d'y croire, ont été condamnés, brûlés, emprisonnés. Leur vie n'a pas été simple. Mais bien qu'ayant conscience de cette réalité on continue à fonctionner de la même façon, on en était déjà là en 900 après JC.


Al Ghazâlî 1058 après JC :

sache que si tu accèdes à la connaissance du vrai par les hommes sans te fier à ta propre expérience, ton effort s'est détourné du bon chemin

Accepter les choses pour acquises à partir du moment où on l'a lu, entendu. C'est le même message que Bouddha. Ne croyez pas ce que je dis, expérimentez, mettez en pratique et ensuite seulement vous pourrez dire que les choses vous appartiennent.


L'allemand maître Eckhart en 1260 :

un mètre de vie vaut mieux que 10 000 mètres de lecture

Vous pouvez l'écrire comme vous voulez, mètre ou maître. Parfois on a besoin des conseils d'un guide, de quelqu'un qui a parcouru le chemin avant nous et qui peut nous indiquer comment faire. C'est plus précieux que ce qu'on peut accumuler par les lectures. Tout se mélange, se disperse et finit par s'oublier parce que cela ne fait pas partie de notre expérience propre.

Pour celui qui aime vraiment, toutes choses extérieures à l'Etre sont pur néant

Le belge Ruysbroeck en 1293 :

la jouissance du divin amour est plus savoureuse pour l'âme et le corps que tout ce que le monde peut procurer comme plaisir, il répand une telle joie que le cœur intérieurement déborde. On aperçoit alors combien sont misérables ceux qui se tiennent en dehors de l'amour

On va vers la foi. Les gens qui sont remplis d'amour et de joie intérieure dans un monde qui est tel qu'il est, qui les communiquent aux autres et qui donnent envie de les suivre. Un peu comme sœur Emmanuelle qui dégageait toujours quelque chose de très fort sur le plan de l'enthousiasme. Mais accepter ce qu'elle acceptait n'est pas forcément si simple.


L'allemand Angelus Silesius :

celui qui aime ce qu'il veut, n'aime pas ce qu'il faut

Les désirs centrés sur soi-même, sur son Ego, sont faux.

arrête où cours tu donc, le ciel est en toi et chercher ailleurs c'est le manquer toujours

Depuis combien de siècles, on nous dit que tout est à l'intérieur et depuis combien de siècles on essaye de le chercher à l'extérieur. C'est vraiment une réalité depuis que les hommes ont commencé à écrire des textes.


Râmakrishna en 1836 :

la vérité, une, mais les sages lui ont donné des noms différents

Intéressant on en aurait bien besoin aujourd'hui, on a du mal à accepter cette idée.

ne parler pas d'amour pour votre frère, aimez-le

Cessons d'en parler, d'intellectualiser les choses, mais contentons-nous d'aimer.


Gandhi 1930 :

celui qui rend le bien pour le mal c'est comme s'il avait conquis le monde

C'est un message universel, Jésus aussi avait essayé de le faire passer.


Etti Hillesum, jeune fille hollandaise morte à Auschwitz en 1943, née en 1914, a écrit un journal passionnant, un peu comme le journal d'Anne Franck, peut être encore plus élevé sur le plan spirituel.

Et puisque désormais libre, je ne veux plus rien posséder, désormais tout m'appartient et ma richesse intérieure est immense.

Martin Luther King 1950 extrait de son discours "I have a dream" j'ai fait un rêve:

maintenant la grande tentation et la grande tragédie de la vie est que nous autorisons si souvent l'extérieur de nos vies absorber l'intérieur de nos vies

Ceci parle à tout le monde. Ce texte est plus long. Il envoie 2 ou 3 missiles extraordinaires et justes que j'ai décidé de vous épargner pour aujourd'hui, qui nous montrent qu'on n'arrive pas à suivre le but qu'on s'est fixé parce qu'on se concentre beaucoup trop sur l'extérieur. Et comme tout ce qui est à l'extérieur nous absorbe tellement qu'on n'arrive plus à aller où on avait décidé d'aller/ Il est clair que si vous allez d'un point A vers un point B et que vous prenez tous les chemins de traverse vous avez peut-être aucune chance d'y arriver. On voit bien ce que représente la méditation. Quand j'en parle à certains qui me répondent : je n'ai pas le temps, je suis trop occupé...on a 24 heures dans chacune de nos journées. Ce n'est pas mal. On arrive à faire des tas de choses qui nous prennent beaucoup de temps. Est ce que tout est aussi indispensable ? Quelle est notre motivation pour essayer de mobiliser des moyens afin d'être mieux ?


Je viens de vous faire partager les propos de gens de traditions et d'époques différentes. Pourtant c'est le même discours, tout se rejoint parfaitement. Au cours de ces rendez-vous du samedi, une fois par mois, j'essaye de vous apporter mon expérience et de vous transmettre cet enthousiasme et ce désir qu'on peut avoir de considérer comme essentielle cette pratique. La méditation est un entrainement, destinée à nous transformer par nous-même, en essayant d'améliorer les expériences que nous avons afin de devenir meilleur, afin d'être bienveillant, plus utile pour les autres. En ayant notre esprit dirigé vers les autres, on va se libérer d'une grande partie des parasites qui ne sont centrés que sur nous-même.

Il y a 3 aspects importants de cet entrainement à la méditation :

  1. l'entrainement de la sagesse, ce qu'on fait en ce moment, la façon de voir et de comprendre les choses, essayer de voir plus clairement et plus justement les évènements qui nous entourent

  2. comment entrons-nous en contact avec notre vie ? comment agir avec notre corps, notre parole, notre esprit ? comment agir mieux en se fondant sur cette sagesse qu'on va essayer de développer ? Si on arrive à trouver la connexion qu'il peut y avoir entre une action et ses conséquences, qu'elles soient positives ou négatives, alors on va pouvoir décider d'agir autrement. Par cette observation des causes et des conséquences on va modifier notre comportement ainsi que les sources de souffrance pour nous et pour les autres.

  3. la méditation est l'entrainement de l'esprit, car même si on sait la meilleure chose à faire, parfois on ne la fait pas. On a beau le savoir on a des fois spontanément des actes, des paroles qui ne vont pas du tout dans le même sens, parce que nous sommes envahis par certaines émotions, par des habitudes, par un contexte qui va nous donner l'impression qu'on est obligé de réagir comme d'autres autour de nous.

Ce qui est bien expliqué quand on a parlé de la banalité du mal pour les tortionnaires d'Auschwitz, c'est à dire des gens qui sont exactement comme vous et moi jusqu'à ce qu'on les mettent dans un contexte particulier qui va transformer complètement tout leur être. Si vous les sortez de ce contexte, ils peuvent redevenir ce qu'ils étaient avant. Il faut une force considérable pour refuser.


Quand les japonais ont envahi la Chine en 1940, tous les soldats ont violé les femmes. Depuis le gouvernement chinois essaye d'obtenir au moins des excuses de la part du Japon, qui s'y refuse parce que lorsqu'on interroge les soldats concernés ils n'ont aucun sentiments de culpabilité.

Ils ne voient pas où peut se trouver le mal puisque dans ce contexte tout le monde faisait ainsi. On comprend la difficulté de résister à la pression des autres autour.

Toute la problématique est là.


Comment faire pour rester juste quand le contexte autour veut qu'on aille dans la mauvaise direction ?

C'est se marginaliser. C'est se mettre à l'écart. C'est aussi ce qui permet de voir qui sont les êtres lumineux. Jésus s'est tellement mis en marge qu'on lui a fait payer très cher. S'il était resté dans le troupeau, 2014 ans après on n'en parlerait pas, on l'aurait oublié. Il fallait qu'il soit décalé.

Souvent nous avons peur d'être différent, du regard des autres, de ce qu'ils vont dire de nous, de notre attitude qui va être interprétée de différentes façons.


Tout cela nous fait peur et nous empêche d'être juste, tout en sachant, tout en ayant la connaissance.


Quand on voit quelqu'un faire quelque chose d'incorrect, c'est difficile d'intervenir. On laisse faire parce qu'on risque de déclencher une réaction d'Ego, de colère. Pour éviter de faire des vagues on va se taire, parce qu'un jour nous y sommes tous confrontés.

Symboliquement dans les évangiles, c'est le moment où Jésus prévient Pierre qu'il va le renier 3 fois avant le chant du coq, alors que Pierre s'en défend complètement. Et pourtant quand Jésus est arrêté, Pierre se retrouve tout seul face aux soldats romains et répond à 3 reprises qu'il ne connait pas Jésus.


La peur est arrivée et on dit ce qu'on ne pense pas, ce que notre cœur n'a pas envie de dire. Cette symbolique est importante parce que Pierre était la personne la plus proche. Quelqu'un qui a vraiment partagé, agit et même après. Mais à ce moment-là, on voit bien que la fragilité humaine doit être prise en compte. On doit l'accepter parce qu'elle nous concerne tous sans exception. On peut revenir sur cette phrase :"une faute non réparée alors seulement devient une faute".


On en fait tous. Il n'y a pas lieu de culpabiliser ou de se sentir mal, ni marqué à vie. Il suffit de réparer pour qu'elle n'existe plus, elle s'est effacée d´elle-même.

Ce n'est pas toujours facile à faire. Cela demande un gros travail parce que notre Ego va nous donner des conseils et des consignes qui ne vont pas dans cette direction.

Si notre esprit est troublé et part dans tous les sens, on sent qu'il est très difficile de le contrôler.


Dans une représentation étudiée au cours d'une retraite, je vous ai montré cette image avec le singe et l'éléphant, qui montre que notre esprit part dans toutes les directions et est difficile à contrôler.

Pour pouvoir le faire il faut l'observer et c'est là qu'intervient la méditation. On va en prendre l'habitude pour qu'il retrouve son état naturel, le débarrasser de tous les parasites, tout ce qui vient interférer dans notre vie et nous pousse à dire, à penser ou à agir d'une certaine façon.


Quand on a demandé à Bouddha comment pacifier l'esprit, il a demandé qu'on lui amène l'eau de la rivière dans un seau.

Est ce que tu vois le fond ?

Non parce que l'eau est trouble et sale. Laisse le seau et il a continué son enseignement.

A la fin, ils ont constaté que l'eau était devenue claire. Quand les particules en suspension ont cessé d'être en mouvement elles se sont déposées au fond.


Avec notre esprit c'est pareil. Il est agité, troublé, confus.

On va y mêler du stress, nos frustrations, nos émotions, nos peurs, nos colères, nos préoccupations, nos angoisses. Si on permet à notre esprit de se détendre, d'essayer de retrouver son état naturel, on va d'abord lui permettre de se reposer sans le déranger le temps de la méditation.


Une autre qualité va apparaître, parce que tant que nous sommes dans l'agitation il est difficile de laisser sortir autre chose. Il n'y a pas de place. C'est rempli par cette invasion quasi permanente.

Notre esprit est envahi en permanence et nous n'arrivons plus à repousser les choses parce qu'il y en a trop. Dans cette véritable qualité, on va pouvoir redécouvrir un certain nombre de choses qui en nous libérant vont nous donner de l'apaisement, de la joie, de la bienveillance.

On va découvrir que les choses sont peut-être plus vastes que ce qu'on avait pu voir.

Il est facile de comprendre que quand on est envahi par un seul problème important, votre journée tourne autour. Dès le réveil jusqu'au coucher et parfois même pendant le sommeil, ce problème ne sort plus. Du coup, vous vivez dans un monde minuscule parce qu'il s'appelle un problème.

Il a pris toute la place. On sent bien qu'il suffit que les choses se libèrent. Soit l’événement change et il n'a plus lieu d'être, soit vous avez changé, votre vision s'est modifiée pour vous permettre d'aller dans ce monde extrêmement vaste. Mais ce tout petit problème a pris tellement de place qu'il est collé devant vous et que vous ne pouvez plus voir derrière.


De nombreux exemples partagent la vie des uns et des autres. Je les utilise parce que c'est vraiment en prise directe avec ce que chacun de nous vit.

Lire des textes magnifiques écrits par des sages est intéressant voir passionnant. Mais en général ils ont déjà compris ce que nous non. Leur exemple peut nous donner de la motivation mais n'est pas toujours relié directement avec ce qu'il nous arrive. On a le sentiment que quand un problème nous envahit on est seul au monde.

Quand quelqu'un est vraiment dévoré par la jalousie, vous pouvez lui montrer le meilleur livre du meilleur sage, cela ne va pas changer son état.

Ce n'est pas possible parce que c'est viscéral, en vous, partout.

Si vous êtes dévasté par la mort de quelqu'un de proche, il n'est pas certain qu'un bon livre sur la mort vous apporte ce que vous en attendiez.

Par contre quand on n'est pas confronté au problème et qu'on essaye de travailler sur cette notion, d'amener ces éléments à rentrer en vous c'est beaucoup plus facile, moins émotionnel. On va inscrire en nous des choses qui vont prendre de la place et nous permettre si cela doit arriver d'avoir quelques outils, quelques moyens, parce qu'on a partagé des choses avec cette notion.

Toute la place de la méditation est là, son intérêt est là. Personne n'a envie que ses enfants meurent pourtant ça arrive. D'où la nécessité de se poser la question : pourquoi pas nous ?

Qu'est ce qui peut justifier de façon certaine que cela n'arrive qu'aux autres ?

Rien !!!!

Donc on peut commencer à travailler.

On a établi la base. Cela ne fait pas mourir les enfants que de penser à leur mort.

J'ai demandé à ma mère de travailler dessus parce qu'elle en a très peur :

"pour t'en débarrasser c'est facile comme je suis ton fils préféré, médite sur ma mort".

Elle a essayé pendant une semaine et a trouvé cela morbide, inutile et qu'elle n'avait aucun problème avec la mort. C'est à dire je pousse tout, je ne veux pas faire, c'est trop difficile. Je n'ai pas envie et je continue à espérer que cela n'arrive jamais.

Si c'est le cas je me dis que finalement je n'ai pas eu besoin, je m'en suis bien sorti.

Mais un jour je vais être confronté à ma propre mort.


Dans mes accompagnements de fin de vie, je vois des gens qui ont des angoisses extraordinaires dans ces moments. On essaye enfin d'apaiser les gens parce qu'il faut le faire. Il aurait été plus simple de le faire plus tôt.

J'espère pouvoir vous faire entendre le témoignage d'une personne en fin de vie, que j'accompagne, qui sera ravie de ce partage. Qui contre toutes attentes, n'est plus en fin de vie. Aucun médecin ne comprend ni pourquoi, ni comment. Elle dégage quelque chose d'exceptionnel par sa simplicité absolue. Aucune pratique spirituelle dans toute sa vie, ni livres, ni conférences. Mais elle a toujours essayé d'être gentille avec tout le monde. C'est une bonne base, pour elle la vie est évidente malgré les instants difficiles qu'elle a vécu.

Une de ses petites filles a joué au jeu du foulard et s'est pendue. Elle a eu des moments violents mais elle a su accepter chaque chose pour ce qu'elle est.

Quand elle a été touchée par la maladie grave annoncée de façon définitive, il vous reste ce temps à vivre, elle a eu une manière d'appréhender cette nouvelle dans la simplicité ce qui lui a permis de lutter contre la maladie.


Alors qu'à d'autres personnes que j'accompagne, on ne veut pas dire qu'ils sont en fin de vie parce qu'on a très peur qu'ils soient angoissés par la nouvelle. Comme ils passent des mois et des mois à l'hôpital et qu'ils ne sont pas plus idiots que vous et moi, quand on passe plus de 2 mois dans ce genre de lieu, il y a un truc qui va pas. On le sait. On pose des questions à tout le monde et chacun a les bonnes réponses : ça va aller, tu vas bientôt rentrer, ça va mieux...on sait que tous mentent et on est de plus en plus angoissé parce qu'on n'arrive pas à avoir la réponse.


Quand je vais voir une dame, chaque fois elle m'attrape les mains en me demandant ce qu'elle a et je sens que toute la famille est là derrière moi pour m'inciter à ne rien dire. Donc je ne peux pas l'accompagner comme je voudrais parce que la famille ne veut pas. Ils ont peur de sa réaction. C'est ma seule patiente dans ce cas. Tous les autres sont au courant, alors tout se passe bien. Le malade et la famille sont apaisés. On peut réparer des conflits, désamorcer des tensions.

Faire en sorte que ce départ se passe le mieux possible. Parce qu'il était quand même programmé, on sait tous qu'on va mourir. On n'apprend rien à quelqu'un quand on lui dit qu'il est mortel. Mais on essaye de le faire avec la même intensité qu'avec la vie.

Toute la vie on a essayé de faire des choses justes et dirigées vers les autres, de ne pas faire de mal mais du bien...quand on arrive à la fin on peut être dans la même dynamique.

On peut continuer ainsi et la mort devient un moment magnifique, un vrai partage, une vraie communication entre ceux qui sont là et celui qui va partir.

Parfois vous avez des échanges qui ont une force, une densité qu'on n'a pas quand on n'est pas informé de la fin de notre vie. Ce qui est là aussi une erreur parce que cette fin n'est pas définie, on ne peut pas savoir.


Un jour, quelqu'un me dit : je regardais un film avec un membre de ma famille que j'aime beaucoup et qui est mort brusquement sous mes yeux en allant se coucher. Cela a été terrible pour moi parce que j'aurai aimé lui dire ... évidemment mais pourquoi vous ne lui avez pas dit.

Si vous avez envie de dire à quelqu'un que vous l'aimez et que le temps que vous passez avec lui est précieux, n'hésitez pas dîtes lui tant qu'il est là. Au moins c'est fait, on évite les regrets.

Combien j'ai entendu de regrets, de culpabilité à des niveaux extraordinaires qui envahissent toute leur vie parce qu'ils n'ont pas pu dire. On m'a demandé de faire revenir des gens du coma pour qu'ils puissent dire ou entendre les quelques mots avant qu'ils s'en aillent. Là il y a de l'intensité.

Le moment était précieux, mais il l'est tout au long de notre vie. Il n'existe pas de moments plus ou moins précieux. C'est une vision fausse de notre esprit.

Quand les gens s'en vont même ceux avec lesquels on s'engueule, on peut finir par ressentir des manques. On a pris l'habitude de se disputer mais ce n'est pas si important. La présence va avoir quelque chose qu'on aurait pu remplir autrement. Il n'y a rien de plus particulier que le silence après la mort de quelqu'un. Tant que la personne est vivante dans une maison vous avez quelque chose qui est là. Même si elle ne fait pas de bruit on sait que la personne dort.

Donc dans l'esprit de chacun c'est quand même une présence. Quand d'un seul coup c'est fini on sait que le silence est définitif. Cela change tout.

Ce moment qui, de toutes façons, doit arriver peut faire partie d'un tout dans lequel vous avez enregistré chacun des instants précieux que vous avez décidé de vivre avec les gens qui vous entourent.


On retrouve cette joie intense comme celle de sœur Emmanuelle, qui vivait dans un milieu difficile, très tourmenté avec de la souffrance continue qui pourtant ne cessait de rire, de partager de la joie, de l'enthousiasme, à y être, elle disait à ses sœurs :

avec les têtes d'enterrement que vous faîtes comment allez-vous pouvoir donner de l'enthousiasme à celles qui sont dehors.

Ce n'est pas ainsi qu'on va aller mieux, donc ce travail nécessite que notre esprit soit libre.


C'est ce que la méditation va nous aider à faire. Pour ceux qui pratiquent les textes bouddhistes on appelle cela les 3 entraînements :

  • la sagesse,

  • l'action éthique, c'est à dire la mise en pratique des expériences de notre quotidien

  • et la méditation

Il faut essayer de les équilibrer.


On prend souvent l'exemple d'un tabouret à 3 pieds. Si on ne les travaille pas de façon équilibrée tous les 3, il est bancal. L'esprit est soit tranquille, soit actif. Cependant quand il est tranquille il n'est pas forcément apaisé. Ce n'est pas parce que vous faîtes une méditation, parce que vous vous asseyez, vous fermez les yeux que vous êtes apaisé. Pour certains c'est l'inverse.

Il suffit qu'il essaye de s'apaiser pour qu'ils aient des pensées en permanence, que le cerveau mouline. Le fait de poser votre corps n'apaise pas votre esprit. Quand on est actif avec beaucoup d'activités, notre esprit s'agite spontanément.

L'équilibre c'est d'avoir la possibilité dans le calme d'utiliser la conscience de ce qu'il se passe dans notre esprit, pour le rendre plus docile, essayer de le pacifier.

Ceci ne peut se faire que petit à petit.

Il faut bien l'observer, voir ce qui envahit à chaque méditation. Parfois notre esprit se fixe sur des douleurs, sur la fatigue, sur l'envie de dormir, sur l'agitation ...qui apparaissent au début.

Alors on est envahi et toute la méditation est bloquée dessus.

Cependant ce n'est pas une mauvaise méditation. Parce qu'à la différence de ce qu'il se passe dans une journée sans conscience, vous l'avez observé.

Ce qui change tout.

C'est cela la méditation : OBSERVER CE QU'IL SE PASSE DANS VOTRE ESPRIT DANS CES MOMENTS et c'est magnifique, parce que votre expérience commence.

Avec le temps, petit à petit vous allez constater que vous avez de plus en plus de possibilités d'agir. Y compris dans les moments très actifs parce que les invasions extérieures peuvent être tellement importantes qu'on peut se laisser avoir par des paroles ou des gestes trop rapides.

Lorsqu'on a la pratique de la méditation on sait ce qu'il est en train de se passer. On le sent dans son corps. On connait tout de suite l'antidote adapté.

Quand vous êtes touché par la jalousie, l'orgueil, que votre Ego commence à réagir. On sent qu'au niveau du ventre, il y a un truc pas bon qui arrive.

Je ne vais pas laisser s'exprimer cette émotion qui est rentrée parce que je sais qu'elle n'est pas juste grâce à mes nombreuses méditations et au développement de cette sensibilité. Sinon je ne sais pas ce qu'il se passe et d'un coup je vais avoir la phrase assassine.


Cette année, on va travailler sur l'orgueil parce que c'est très puissant.

Vous avez une jeune réincarnation d'un grand maître Rinpoché, qui a dit : "pour moi il a été le plus grand poison". Parce que depuis que je suis enfant on me dit que je suis sa réincarnation. Je me suis senti comme étant quelqu'un de formidablement bien, au-dessus de tout le monde. Il m'a fallu du temps pour réaliser qu'il s'agissait d'orgueil parce qu'autour tout le monde me construisait un édifice. Il s'est spontanément installé dedans en se sentant parfaitement à sa place. Le fait de l'exprimer devant tout le monde montre qu'il a bien compris le déroulement du problème mais souvent on l'ignore.


C'est difficile de s'en rendre compte et ce n'est pas parce qu'on le dit que cela va changer quoi que ce soit.

Au contraire cela génère du conflit voire de l'affrontement parce qu'on n'a pas envie d'entendre ces propos. Il faut être prêt à accepter, se dire qu'on a des défauts et qu'il serait bien de les connaitre. A ce moment on a fait un beau bout de chemin et cassé une partie de l'orgueil. L'édifice a pris mal. J'ai des défauts. Je suis prêt à les entendre. Si quelqu'un peut m'aider j'ai envie.


C'est la pratique de la méditation qui donne accès à quelque chose de plus vaste. Au lieu d'être tout petit, centré sur cette petite construction très fragile qu'on a peur que quelqu'un démolisse avec le mal qu'on s'est donné. Si tu touches mon Ego tu vas en prendre une, parce qu'il ne peut pas le supporter. On va sortir des mots de plus en plus gros, de plus en plus forts. Parce qu'en face il est probablement sourd donc il faut hurler. Dans la relation à un moment, il y en a un qui n'entend pas bien. On ne sait pas pourquoi. D'ailleurs il comprend mieux quand on hausse le ton.


Il y a eu en Belgique pendant plus de 10 ans, une femme bouddhiste ministre de l'intérieur, Mme Monique De Knop qui a réussi à garder son cap. Son premier entrainement a été dans la voiture en conduisant. Comme tout le monde elle s'énervait dès que la circulation posait problème. La réaction va très vite. Elle a décidé de ne plus jamais se mettre en colère dans ce contexte et ce fut un vrai chemin pour elle.

Notamment quand elle fut confrontée aux tensions politiques qui sont très dures pour l'Ego. Elle était comme en voiture, elle savait comment laisser passer les choses. Elle a rencontré les ministres français, et elle est présente dans les congrès bouddhistes. Elle dit que les gens pensent parce qu'on est bouddhiste, on est tout le temps gentil, un peu bébête.


Sagesse ne rime pas forcément avec gentillesse mais plutôt avec justesse, c'est vrai.

On n'est pas obligé d'être des "bisounours".


Quand je dis à certains, si tu ne réponds pas à l'agression c'est toi qui grandit, on me répond : alors c'est bon je ne dis plus rien, je suis une lavette. On part vite dans les extrêmes. Quand on parle des désirs qui peuvent être des poisons dans notre vie, on parle des extrêmes comme toujours.

Avoir envie de faire plaisir en préparant un repas pour des invités, c'est formidable. C'est un désir mais ce n'est pas un poison. On n'est pas dans les extrêmes.


Par contre si à chaque fois que je me sens mal, que j'ai un petit trouble, que je suis envahi par de la frustration, j'ai besoin de foncer acheter toutes sortes de choses, on se retrouve dans des limites plus ou moins pathologiques. Je n'ai plus de conscience. Mon esprit ne dirige plus rien. Ce sont les émotions qui prennent le dessus.


En politique, la confrontation n'est pas simple non plus. On est parfois obligé de s'imposer. Elle a été confrontée à des situations de magouilles dans lesquelles elle n'a pas voulu rentrer. Tout le monde savait qu'il était inutile de lui proposer des trucs tordus parce qu'elle était libre. Quand on est moins honnête on vient vous proposer des choses litigieuses parce qu'on se sent mieux entre magouilleurs. On a l'impression que c'est normal, banal, justifié.


C'est ce qui s'est passé dans cette étude sur les camps de concentration. Tout le monde fait pareil donc c'est banal et justifié. Il n'est pas si simple de rester soi-même. Mais si vous avez accepté de miser beaucoup d'énergie dans cette direction, vous avez des possibilités d'expériences à profusion. Tous les jours si vous le voulez, vous pouvez vous entraîner.

Votre vie est un grand terrain d'expérimentations pour progresser, avancer, partager du mieux que vous pouvez et ne pas vous laisser envahir par le discours des autres, la mode et le jugement des autres.

Ne pas parler trop vite, ne pas s'engager trop vite sur des sujets dont tout le monde parle.


Quand on parle d'intégrisme, on a tous un avis qui est souvent bien construit par les médias. Il suffit qu'on nous montre un intégriste en train d'égorger quelqu'un. On a tous des sentiments et des émotions très forts qui nous envahissent et on se dit que le mal est là, que ce que font ces gens est inadmissible.


Il me semble que c'est limité comme vision des choses. J'ai le grand défaut d'aimer l'histoire, j'ai beaucoup étudié des tas de périodes qui correspondaient à des sujets que j'ai vécu personnellement.


Dans ma famille ma mère est pied noir, ils tiennent tous le même discours : les arabes c'est ceci, c'est cela. Chaque fois que j'ai dit qu'on ne pouvait pas faire de généralités sur les arabes par exemple, je me suis fait allumer.

J'ai voulu aller plus loin dans la compréhension parce que ma mère disait qu'ils s'entendaient tous bien là-bas, qu'il n'y avait aucun problème entre les français et les arabes. Une sorte de monde idéal. Donc elle ne comprenait pas pourquoi d'un seul coup les arabes les ont trahi. J'ai cherché à comprendre et j'ai découvert des choses édifiantes.


En 1847, lorsque les colons sont arrivés en Algérie, il fallait bien les installer quelque part. Les algériens étaient déjà là donc pour donner une place reconnue aux nouveaux arrivants, on a fait des lois et des textes, une nouvelle législation vite faite mal faite. On a demandé aux algériens leurs titres de propriété qu'ils n'avaient pas puisqu'ils possédaient les terrains de père en fils. De génération en génération, on se les transmet et cela à valeur de lois parce que c'est ainsi depuis toujours. Donc on les a fait dégager parce que les colons avaient des titres de propriété.

En moins de 100 ans un quart des terres a été spolié.

Comment vous voulez qu'après on n'est pas de l'intégrisme.

Parce que si demain un peuple débarque ici et vous prend vos terrains, comment allez-vous faire pour ne pas le haïr . Pensez-vous que si vous n'avez pas la puissance de cette haine vos enfants et petits-enfants ne l'auront pas encore.

On est tous responsables de tout cela. On n'a pas le pouvoir d'agir sur une colonisation. C'est évident. C'est une décision politique mais individuellement, j'ai toujours la possibilité de décider de mes choix. Je pourrais toujours me positionner en fonction de ce qui me convient ou pas.

C'est juste ou injuste. Je ferai ou pas. Je cautionnerai ou pas.


D'ailleurs on n'aborde plus ce genre de sujet dans ma famille, ma mère ne veut pas changer d'avis, ni entendre. Quand je lui propose d'aller voir un film comme " indigènes" elle refuse. Pourtant c'est une cinéphile avertie, mais cela pourrait faire changer son avis, elle ne veut pas par respect pour ... mais ce n'est pas du respect c'est de l'ignorance.

On s'est enfermé tout seul.


Il existe beaucoup d'autres exemples.

Mon père a fait la guerre du Vietnam. Je me suis beaucoup documenté pour essayer d'en parler avec lui. Je ne sais pas si j'y arriverai, ce qui serait bien pour libérer les gens. Lui était soldat dans un commando, il avait 18 ou 19 ans comme beaucoup d'autres on l'a envoyé là-bas. Il n'est pas responsable. Mais dans sa tête il l'est. Dans nos pensées on peut se dire que ce qu'on a fait, que ce qu'on m'a fait faire était mauvais. A ce moment on répare, c'est une faute qui n'existe plus. Quand je continue à m'enfermer parce que cet orgueil ne veut pas me lâcher, je reste dans la faute et dans la souffrance.


Une personne a déclenché une maladie de Parkinson par la violence des images qu'il y avait dans sa tête à la suite de la guerre du Vietnam. Il n'arrivait pas à s'en libérer. Il a passé toute sa vie enfermé dedans. C'est pourquoi il est important d'élargir le champs pour vivre les situations de façon plus aimante et plus responsable.


Je pense, qu'en ce qui concerne la paix dans le monde, individuellement !!!! on n'a pas ce pouvoir et à priori ce n'est pas dans ce sens que le monde a envie d'aller mais on aime bien vivre en paix. Alors c'est à nous de faire ce qu'on peut dans le microcosme dans lequel on vit pour que ce soit pacifique et là, on a ce pouvoir. C'est possible.


J'espère ne pas avoir énervé les pieds noirs de la salle. Je n'ai pas abordé le sujet en profondeur, parce que la spoliation n'est pas le pire de ce que les français ont fait. Souvent les peuples qui colonisent font du mal, croyants qu'ils sont partout chez eux. Ils ont des agissements peu respectueux.

Pourtant par le fait des causes et des conséquences on ne peut pas éviter à un moment de montrer au grand jour ce qu'il s'est fait, quand ils ont volé les richesses, la terre... Il ne revenait rien dans le pays. Quand tous les postes à responsabilités étaient pris par les français, sans aucune possibilité d'y accéder pour les autres. Toutes ces choses qui font qu'à un moment tout explose. C'est logique.


L'histoire est ce qu'elle est, beaucoup de décisions prises depuis des siècles ont eu des conséquences plus ou moins dramatiques. Mais en avoir conscience et ne pas se laisser envahir par ce qui nous entoure c'est peut-être cela le début de la sagesse. Quand un individu a un acte violent, il a surement des raisons et avant de le condamner, il faut essayer de le comprendre.

C'est important parce qu'il y a forcément un enchaînement de causes et de conséquences pour qu'on en arrive à devenir violent.


Des occidentaux vont en Syrie perpétrer des actes violents. C'est que probablement il se passe quelque chose qui ne va pas là où ils sont. S'ils étaient biens et heureux, ils n'iraient pas faire des choses comme celles-là. Donc il serait plus intéressant de changer ici pour qu'ils s'y sentent biens et qu'ils n'aient pas envie d'y aller, plutôt que de les condamner quand ils reviennent et les jeter en prison.

Il me semble mais je ne suis pas responsable politique, je n'y connais rien.


Comme quoi la méditation, la vie politique, la vie de tous les jours...se rejoignent.


Il y a un ministre Sri Lankais qui disait au Dalaï Lama : " moi je ne mélange jamais politique et spiritualité" qui répondit " c'est bien dommage parce que c'est ce dont on a besoin, des hommes politiques qui puissent avoir une conscience spirituelle", on ne peut pas cloisonner.

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