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Entraînement de l’esprit - La pleine conscience

  • associationtaiyang
  • 11 janv. 2014
  • 33 min de lecture

Avoir une santé défaillante, sincèrement, ça ne devrait pas nous empêcher d’être heureux. C’est un choix que l’on va faire. Je peux être désespéré parce que ma santé n’est pas bonne, je peux aussi être radieux. C’est un choix.


J’ai eu une semaine très chargée, entre 16 et 17 heures de travail par jour, des déplacements, beaucoup de rencontres, levé très tôt, couché très tard et j’ai eu un matin dans ma semaine, où, sincèrement, j’étais fatigué. Pourtant, dans le même temps, avec toutes les pratiques que je fais tous les matins en me réveillant, je sentais cette forme d’enthousiasme, ce bonheur que j’ai à l’intérieur, tout en étant fatigué. Je trouvais ça agréable de pouvoir maintenir cet enthousiasme tout en étant, physiquement, fatigué parce que le corps a ses limites et il faut bien qu’à un moment donné, il vous le fasse savoir.


Pour pouvoir garder cet enthousiasme, il faut peut-être avoir une perspective de la vie beaucoup plus vaste que ce que l’on peut avoir de façon un peu primaire.J’ai un patient, quand je lui demande : « Ça va ? ». Il me répond : « Si la santé va, tout va. Si la santé ne va pas, rien ne va. »


Avoir une perspective un peu plus vaste des choses c’est ne pas toujours se centrer sur ce petit « MOI » réducteur : la satisfaction de tous mes désirs, la satisfaction de toutes mes attentes. Une journée qui ne va tourner qu’autour de ça. Tout ce que je vais faire dans ma journée, ça va être de satisfaire mes désirs, d’être sûr que ce que j’en attends puisse se réaliser. C’est tout petit. C’est tellement petit. Et c’est tellement risqué. Le risque, c’est que ça ne se passe pas comme vous l’aviez décidé au départ donc on est parti dans le cycle de la frustration, de l’insatisfaction. Ca va être comme ça tous les jours, tous les jours, tous les jours de votre vie. C’est tout petit. C’est minuscule.


On est tous reliés les uns aux autres. On est, normalement, ravis de croiser des gens dans cette vie. Ce serait d’une tristesse infinie que de se retrouver seul sur cette planète. Et pourtant, j’entends beaucoup de gens qui, avant ou après les fêtes de Noël, me font savoir que c’est pénible pour eux, que c’est difficile, que c’est pesant parce qu’il faut se rassembler, qu’il faut préparer, qu’il faut travailler. Il faut penser aux cadeaux. On ne sait plus quoi offrir, parce qu’ils ont tout, etc, etc.


Et je me dis : « Qu’est ce qu’il y a qui peut nous déranger, à ce point-là, dans le fait de se réunir, de se retrouver, d’être ensemble ? Que peut-on avoir à reprocher au fait d’être ensemble ? ». Quand on sait que la vie nous tire chacun de notre côté,que nous avons peu de temps pour nous voir, que nous avons des activités qui nous prennent une grande partie de notre temps. Être certain qu’au moins une fois dans l’année, on va pouvoir se retrouver. Est-ce que ça ne devrait pas être une source de joie?


Je l’ai souvent dit. J’étais au Tibet, avec une famille tibétaine. Je demandais à la mère de famille : « Qu’est-ce qu’y serait, pour toi, la plus grande source de bonheur? » Elle me répondit : « La plus grande source de bonheur que je pourrais avoir, ce serait de pouvoir rassembler ma famille. » Or c’est impossible, elle ne pourra jamais rassembler sa famille parce qu’il y en a une partie qui s’est exilée, qui a disparu,dont elle n’a plus aucune nouvelle. Il y en a quelques uns qui ont été arrêté, eux aussi ont disparu et dont on aura plus jamais de nouvelle. Donc elle ne pourra jamais rassembler sa famille.


Nous, nous avons la chance de pouvoir nous rassembler jusqu’à ce que la mort nous sépare. Or nous trouvons des subterfuges qui permettent de faire en sorte que l’on ne se rassemble plus ; on se dispute, on se fâche, on trouve toutes les bonnes raisons pour se quereller et finalement, ne plus se réunir.


Parce que j’accompagne de nombreuses personnes en fin de vie, je m’aperçois que, très fréquemment, on me demande de recoller les morceaux avant qu’il ne soit trop tard. Quel dommage ! Quel dommage de ne pas l’avoir fait avant ! Pourquoi attendre le dernier moment ? Pourquoi attendre d’être acculé au mur pour se dire :« Peut-être, pourrais-je essayer, avant de mourir, de réparer »


Voilà ce que c’est, que cette conscience de quelque chose d’un peu plus vaste. Par l’attention et la vigilance. Au travers de divers moyens, toute la journée, vous pouvez développer votre attention. Soyez en pleine conscience lorsque vous mangez. Soyez en pleine conscience lorsque vous dîtes bonjour à quelqu’un. Soyez en pleine conscience lorsque vous allez vous exprimer. Essayez de garder, dans tout ce que vous allez faire, une pleine conscience.


Souvent, je parle de pleine conscience et ça peut représenter, pour certaines personnes, une sorte de contrainte, quelque chose qui serait difficile, un peu réducteur. C’est tellement dommage de le voir de cette façon-là puisque cette vigilance n’évoque rien de sévère, bien au contraire. C’est plutôt une forme de douceur que l’on va essayer de placer dans sa vie pour faire en sorte de ne blesser personne, de ne faire du mal à personne, d’être là pour tout le monde. Ça n’a rien d’austère, ça n’a rien de réducteur. Au contraire !


On peut y voir une sorte de discipline rigoureuse que l’on s’imposerait mais ce n’est pas le cas. Le simple fait d’avoir pu - et j’emploie le mot volontairement - me soumettre, en totalité, à un maître m’a complètement libéré. Complètement libéréparce que d’un seul coup, ça devenait plus simple pour moi, il suffisait que je fasse comme il m’avait dit. J’ai arrêté d’analyser, j’ai arrêté de tout décortiquer pour refaire, encore une fois les mêmes erreurs.

J’avais une direction et cette direction, je ne l’ai plus lâchée. Au bout du compte, j’ai obtenu ce que je voulais parce que je n’ai pas lâché.


La bienveillance envers tous ceux qui nous entourent, c’est une voie de tous les instants. Il n’y a pas un moment où l’on peut lâcher. A quoi bon faire le mal ? A quoi bon blesser l’autre ? Est-ce que ça va améliorer quoi que ce soit, pour moi et pour l’autre ?


C’est Matthieu Ricard qui disait, l’autre jour : "Quand même quand on dit que l’on va vivre de manière égoïste, on a tout de suite conscience que ce n’est pas très bon. On n’a pas besoin de dizaines d’années d’études pour comprendre cette notion. Egoïste, ça ne paraît pas être une qualité exceptionnelle ?"


Et pourtant, sans nous en rendre compte, on vit comme ça. On a tout notre regard tourné vers nous-mêmes, dans la plupart des situations. On ramène tout à nous, nos pensées, nos analyses, nos conceptions, ce que l’on va imposer aux autres, ce que l’on aimerait que les autres fassent, notre entourage, nos enfants, nos parents.


On projette des tas de choses sur tous ces gens-là et dès qu’ils agissent différemment, on a un mal terrible à les accepter tels qu’ils sont. Cette bienveillance, c’est d’accepter chacun tel qu’il est, tout simplement, en toute simplicité. C’est un vrai repos de l’esprit. C’est tout sauf austère, c’est se libérer. C’est enfin se dégager de cette prison qu’est l’attachement. Qu’est-ce que l’attachement ? C’est facile. La définition de l’attachement est extrêmement simple.A quoi peut-on être attaché ? A soi-même ! Tout le temps, uniquement à soi-même. C’est ça l’attachement. Se libérer de l’attachement à soi, c’est se libérer de tout.

C’est être libre.


L’attention, c’est de pouvoir apprécier, aimer chaque moment. Aimer chaque instant par une vigilance continue. Je vois beaucoup de gens en souffrance. Les gens en souffrance ne sont centrés que sur les difficultés de leur vie, à un moment précis.

Cette souffrance n’est pas l’ensemble de vos difficultés, c’est une difficulté. Il y a toujours un tas d’autres choses dont vous bénéficiez en permanence mais pour lesquelles vous avez oublié la conscience. Même dans les pires moments de votre vie vous bénéficiez d’un tas de choses dont vous avez oublié l’existence.


Si vous pouviez ramener ces éléments-là en conscience, vous auriez toujours cette souffrance qui est là, qui est la vôtre mais elle serait limitée. Elle serait contrebalancée par toute cette pleine conscience de tout ce qui est positif, aussi, dans votre vie, de tout ce dont nous pouvons bénéficier.

On a souvent du mal à comprendre ce que la méditation peut apporter à notre vie.En fait, cette simple pratique consiste à prêter attention. Prêter attention à ce que l’on dit, à nos actes, à tous les mouvements de notre esprit et Dieu sait s’il y en a ! On commence à se rendre compte que, finalement, on se retrouve au centre d’un tout et que nous somme reliés à ce tout. Et finalement, c’est l’ensemble de notre vie qui va s’en trouver modifié.


Faire attention aux mouvements de son esprit, voilà un sacré boulot ! Pour le coup, vous avez de quoi faire ! Uniquement les pensées. J’essaye de faire prendre conscience que des pensées peuvent suffire pour faire mal, des pensées peuvent suffire pour détruire. Les pensées vont être des révélateurs de ce que l’on a, parfois, de plus mauvais en nous.


Ne pas en avoir conscience, c’est leur laisser l’absolue liberté de nous dominer et de faire de nous ce dont elles ont envie, et les pensées vont prendre le pouvoir.

Posez-vous des questions sur des thèmes comme la jalousie. Posez-vous des questions sur des thèmes comme la colère et vous verrez que ce sont vos pensées qui vous ont amené aux actions, aux actes destructeurs qui vont être les vôtres.

Uniquement vos pensées. Ne pas laisser les pensées prendre le pouvoir, c’est vous éviter toutes les conséquences.


J’ai une situation, cela fait plusieurs fois que j’en parle. C’est quand même symptomatique de grands nombres de nos fonctionnements. C’est une dame et son mari, je les vois tous les 2. Le mari est quelqu’un d’extrêmement violent, j’ai même cru que lors d’une consultation, il allait me taper dessus tellement sa violence était forte parce que je le perturbais dans ce que j’essayais de lui faire approcher comme façon différente de penser. Sa femme, qui vit avec lui, vit dans la terreur. Elle a peur tout le temps, elle a été battue, souvent. Et enfin, ils se séparent. Cette séparation, que j’accompagne, va me permettre de proposer à l’homme de lire un livre très intéressant sur la colère, pour qu’il puisse prendre un tout petit peu conscience de ce poison qui l’envahit. A priori, ce livre déclenche une sorte de révélation chez lui et on le voit, extérieurement, très apaisé. Son épouse est très surprise par ce changement radical. Du coup, elle hésite. L’esprit hésite, on ne sait plus. Je le quitte, je ne le quitte pas ? J’ai bien fait, je n’ai pas bien fait ? L’esprit se met à tourner.


Je lui explique qu’un tel niveau de colère ne se règle pas avec un livre. Que l’on ait une petite conscience éphémère, à un moment donné, après une lecture, c'est possible ! Mais toute la pratique qui va avec et qui permettra de contrôler son esprit rempli d'habitudes, va nécessiter des années.


Finalement, la femme apprend, que très peu de jours après qu’ils se soient séparés,il est déjà avec quelqu’un d’autre. Il a trouvé une autre femme. Et là, elle devient folle de rage. Jalousie ! Jalousie pour un homme qui l’a battue mais jalousie quand même. Elle remet tout en question et elle part, elle-même, dans des colères extraordinaires. J’ai l’impression d’avoir le reflet de son mari. Pareil. Même violence, même colère.


J’apaise cette personne, j’essaie de lui faire prendre conscience de ce qui se passe et elle me dit : « Dans 2 jours, mercredi, on doit se retrouver chez le notaire pour établir, de façon définitive, cette séparation avec les parties financières et autres »

Elle me dit : « Je suis incapable de savoir si je vais pouvoir gérer ma haine ? »

Donc, je lui donne un conseil qui me semble précieux : « Apaisez-vous avant. Travaillez sur la respiration. Essayez de pardonner et à partir de là, allez, avec un esprit le plus pur possible, chez le notaire. Faute de quoi, les conséquences vont vous dépasser. » Je lui dis : « Rappelez-moi jeudi matin »


Elle m’appelle jeudi matin et elle me dit : « Avant d’arriver chez le notaire, dans le hall, on se croise. Elle s’adresse à son mari : « Les vœux que tu m’a envoyés par Texto, l’année prochaine, tu pourras éviter. Des vœux pareils, je n’en ai pas besoin, je n’en veux plus. » Et lui, il rentre dans une colère homérique. Il se met à gueuler dans le couloir. Tout le monde sort parce qu’on ne comprend pas ce qui se passe, s’il y a peut-être une personne en danger. La réunion se passe extrêmement mal et rien ne va.


Je lui demande : « Pourquoi ? Pourquoi avez-vous ouvert votre bouche de cette façon-là? »- « Je n’avais jamais imaginé que les conséquences seraient celles-là » Et voilà ! Aucune conscience de sa parole. Laissez courir les pensées et subissez les souffrances conséquentes.


Tout aurait pu être évité, c’était facile d’éviter, c’était facile. Ils allaient régler ça,signer, se séparer, ne plus se voir, c’était terminé. Ça aurait été tellement simple car lui, dans la colère où il était, il a réclamé des choses incroyables ; 10 fois plus que ce qui, normalement, devait lui revenir, mais comme il avait la colère. Quel dommage !


Vous voyez, là, on passe à côté de choses qui pourraient nous libérer et on s’enchaîne encore plus. Ça, c’est de la souffrance, c’est de la vraie souffrance parce que ça peut encore aller plus loin. Cette femme, elle avait tellement peur de son mari, qu’elle a changé les serrures, qu’elle s’est protégée, qu’elle est allée à la police. Il y a eu des choses incroyables mais ça ne suffisait pas. Il faut encore et encore et encore. Là, on peut dire qu’il n’y a pas de pratique régulière. Ça veut dire que l’on n’a pas pris, chaque jour, comme un moment privilégié pour mettre en pratique, pour éviter de se faire avoir encore une fois. On se fait avoir combien de fois dans une vie ? Impossible à compter.


Grâce à toutes les expériences conscientes que j’ai vécues, à cet Amour que j’avais très jeune, à mon profond respect pour tous les maîtres que j’ai pu croiser, grâce à tous ces enseignements, et aux pratiques régulières, ininterrompues, j’ai fini par conclure et voir qu’il était très bon de ne s’en tenir qu'à un seul véhicule, de l’exploiter toujours plus profondément, d’aller le plus loin possible avec ce véhicule. Plutôt que d’aller en chercher des dizaines. On n’a pas assez de temps. On manque de temps pour aller explorer différents chemins.


Alors, je vous le redis encore une fois, peu importe le chemin que vous choisissez je ne suis certainement pas ici pour que vous choisissiez, tous, le même chemin que moi, peu m’importe mais si vous en choisissez un, ne le lâchez plus. Allez jusqu’au bout. Donnez-vous le temps. La pratique n’est pas une question de semaines ou de mois, c’est une question d’années.


J’ai également perçu le caractère sacré de la sagesse qu’il y a à l’intérieur de chaque individu. J’ai croisé beaucoup de gens, dans ma vie, qui étaient étiquetés comme mauvais, des gens qu’on considère comme pas sympas, des gens malhonnêtes, des gens tordus, des alcooliques, des drogués.


A l’intérieur de chacun, je vais faire tout mon possible pour lui permettre de révéler la meilleure partie de lui-même et j’ai vu apparaître des choses magnifiques avec des apparences qui étaient vraiment détestables au départ. Mais comment faire pour le révéler ? Dire à un alcoolique que c’est un alcoolique, lui dire que lorsqu’il a bu, c’est un abruti, lui dire qu’il ne cesse de faire du mal. On lui a dit des milliers de fois, et pas une fois, ça a changé quoique ce soit à sa souffrance.


Le seul moyen qui peut donner des résultats différents , c’est de l’aimer, de ne pas oublier de l’aimer. C’est à dire de faire preuve de compassion pour celui qui vous dérange, pour celui qui vous perturbe, et d’un seul coup, la perception va être différente, les mots vont être différents.

La méditation va complètement ouvrir vos vie, va ouvrir tous vos sens et vous ne serez plus prisonnier de vos soucis personnels. Se libérer de ses soucis personnels, c'est de ne plus chercher à ce que tout, dans sa vie, se plie à nos exigences. Je me mets à la disposition des autres quand je les croise. Je fais en sorte d’être le plus disponible possible pour que chacun puisse bénéficier d’un moment qui lui permette, éventuellement, de trouver un autre axe à ses problèmes.


En agissant sans conscience, on perd cette relation avec les autres. Chacun ne pensant qu’à lui-même. Être préoccupé par ses soucis, par ses limites, par ses désirs, par toutes ses peurs. Voilà tout ce qui nous aveugle et nous empêche d’être reliés.


J’entends tellement de gens se plaindre des conflits qu’ils peuvent avoir avec leur entourage alors que c’est parfois si facile d’éviter le conflit. Mais à priori, nous avons beaucoup plus de difficulté à éviter le conflit qu’à l’envenimer. Nous sommes très doués pour trouver que la situation n’est pas tolérable, qu’elle est inadmissible, qu’on ne peut pas supporter, qu’il va falloir réagir, qu’il faille s’interposer, et au bout du compte, tout ce que l’on éprouve, c’est de la tristesse, du mécontentement, de la frustration.


Pourtant, avec toute la souffrance dont j’ai pleinement conscience, je trouve que la beauté de l’existence, au quotidien, est un réel miracle. Ne pas le voir est vraiment dommage. Sous prétexte que nous avons notre regard centré sur nous-mêmes, nous allons passer à côté de tellement de merveilles, de tellement de beautés. Ces petits moments, ces petits « rien du tout », ces instants de la vie qui font que tout peut devenir magnifique.


Regardez un enfant qui fait ses 1ers pas, c’est magnifique. Quand on voit cet enfant qui cherche l’équilibre et qui bascule, avant, arrière, boum ! Il tombe et il se remet debout. On observe ça avec une sorte de vibration exceptionnelle. Si cet enfant, en plus, vient vers vous en courant, c’est un moment de pure magie. Et puis après, il marche et on s’en fout !


Qui se préoccupe encore de savoir que votre enfant marche ? Une fois qu’il marche, il marche, mais s’il arrive que la vie lui joue un mauvais tour et qu’il ne marche plus comme avant. Alors, on fait comment ? Et là, on n’a plus de solution. Là, ça ne va plus, on a oublié tout ce qui était précieux, on a oublié d’en profiter.


Il y a 2 jours, mon fils m’a dit : « Papa, cette nuit, j’ai rêvé que tu mourrais. Ça m’a perturbé » Je lui ai dit : « Si je meurs demain, il n’y a rien à regretter. Tout va bien, on a profité de chaque instant, on n’en a pas gâché un seul. Que peut-on vouloir de plus à la vie ? » Il me dit : « Bon d’accord, mais quand même ! Démarrer la journée avec ça, il y a mieux » (rires) Et en même temps, c’est vrai. Se préparer et se dire que n’importe lequel d’entre nous peut partir le lendemain, ça veut dire ne pas gaspiller, ne pas passer à côté, être présent à 100%. Et on prend le temps, pour chacun de ces petits moments.


Notre maison est grande et j’ai des patients toute la journée. Si j’ai 10 minutes ou1/4 d’heure de libre entre 2 patients, j’envoie un cri dans la maison pour savoir s’il y a quelqu’un. Et s’il y a quelqu’un, il descend même pour 10 minutes. On prend 10 minutes ensemble. On va partager un thé, on va partager un petit moment et on fait en sorte de le reproduire le plus souvent possible. C’est ça, de prendre conscience que l’instant présent est précieux. C’est un vrai trésor. Il est là, le trésor.


Voilà une petite histoire que je vais vous raconter. C’est une histoire que l’on raconte au Tibet, celle d’une femme qui cherchait à trouver les sources de l’Éveil.

Elle voulait se libérer de tous les tourments qu’il y avait dans son esprit. On lui dit

qu’il fallait qu’elle aille très loin - comme toujours c’est loin, c’est difficile, c’est haut,en haut d’une montagne, c’est caché, toutes les histoires tibétaines en sont remplies et qu’il existait quelqu’un qui allait pouvoir la libérer. Elle finit par le trouver, après des périples nombreux et compliqués. Elle rencontre cette personne qui a tous les aspects d’une personne sage et elle lui explique sa requête. La personne lui demande : « Êtes-vous certaine de vouloir atteindre l’Éveil ? Êtes-vous certaine de vouloir vous libérer ? » -« Bien sûr ! Avec tout le chemin que j’ai fait. J’en suis certaine. » Et instantanément, ce sage se transforme en démon avec un bâton et lui court après en criant : « Maintenant ! Maintenant ! Maintenant ! » Elle n’a pu se débarrasser de ce démon que quand elle a compris que c’était un ami et qu’elle n’a plus lâché l’instant présent.


Maintenant ! Ici ! Tout de suite ! Pourquoi attendre ? Veux-tu vraiment l’Éveil ? Alors,c’est maintenant. Et il va falloir l’apparence d’un démon parce que nous sommes faibles, parce que nous sommes motivés le lundi, un peu moins le mardi et démotivés à fond le vendredi. C’est notre vie ! Et si nous n’avons pas quelqu’un, derrière, qui nous rappelle à l’ordre, si nous n’avons pas cette discipline, si nous n’avons pas tous ces moyens que nous allons essayer de mettre en place pour tenir bon, et bien, on va se laisser aller.


J’ai connu des gens qui ont fait des pratiques pendant des années et qui, finalement, ont tout lâché et qui sont partis dans des sphères de souffrances extraordinaires. Quel dommage ! Quelle souffrance ! Pourtant tous les éléments étaient là mais lorsqu’on ne pratique plus, on oublie tout. Quel gâchis ! Et ça fait mal, ça fait souffrir de voir que ces gens ont gaspillé leur vie et qu’ils ont fait tant de mal autour d’eux.


La magie de l’instant présent ; si l’on veut atteindre cette possibilité, il faut le faire avec persévérance. Tout de suite ! Si nous sommes arrogants, têtus, il sera peut-être nécessaire que quelqu’un nous aide dans ce domaine-là. Et ce sera peut-être bien qu’il soit armé d’un bâton. C’est peut-être de cela que l’on a besoin parce que la tentation est tellement importante, que les manipulations de notre esprit sont tellement subtiles. Plus nous ouvrons notre cœur, plus nous avons la possibilité de nous apaiser avec notre corps, avec notre parole, avec notre esprit. De pouvoir nous accepter tel que nous sommes. Nous allons accepter le monde tel qu’il est, celui qui se trouve à l’extérieur et celui qui se trouve à l’intérieur. On va accepter la situation familiale, qui est la nôtre, telle qu’elle est, sans chercher à la modifier parce que nous n’en avons pas le pouvoir.


CROIRE QUE L’ON PEUT CHANGER L’AUTRE EST UNE ERREUR FONDAMENTALE !


Combien de fois l’ai-je dit depuis des années ? Vous l’avez entendu des centaines de fois.


CROIRE QUE L’ON PEUT CHANGER L’AUTRE EST UNE ERREUR FONDAMENTALE !


CROIRE QUE L’ON PEUT CHANGER L’AUTRE EST UNE ERREUR FONDAMENTALE !


Je répète ? (Rires)


Et pourtant, combien de fois, on y retombe ? Vous ne pouvez changer que vous même.

Et c’est déjà bien difficile alors ne cherchez pas à changer l’autre.

L’autre peut changer mais c’est à lui de décider, pas à vous.


Des fois, je vois ces scènes comme Homer SIMPSON, ce n’est pas une référence mais enfin, bon ! Quand il veut changer son fils, il l’attrape, il l’étrangle, il le secoue comme ça... Comment voulez-vous changer quelqu’un en agissant de la sorte ?


On va l’étrangler et le secouer dans tous les sens, comme un prunier, en lui disant :« Tu dois changer ! » Ça ne peut pas fonctionner. Je caricature à peine parce que, des fois, on agit à peu près de la même façon.


On a oublié qu’il fallait qu’on se change soi-même dans ce moment-là. L’autre nous a dérangés. Oui ! Je suis d’accord. L’autre nous a dérangés mais qui a-t-il dans cette phrase ? L’autre m’a dérangé, il y a MOI. L’autre m’a dérangé, c’est à MOI à trouver la solution, en MOI. Et ne pas bousculer l’autre avec un grand coup d’éclat en disant:« Je lui ai bien dit ce qu’il fallait qu’il entende. Avec ça, ça va le faire changer» C’est faux ! Raté ! Loupé ! Ça ne marche pas! Jamais!


Donc abandonnez. Pourquoi s’acharner encore ? Et encore ! Pour avoir des successions d’échecs et, finalement, une perte de confiance en soi qui devient immense parce que l’on s’aperçoit que ça ne fonctionne pas.


La clé : c’est maintenant. C’est l’attention qui vous amène, comme Être éveillé,curieux de tout, à découvrir « la substantifique moelle », l’essence de l’instant présent. Vous allez découvrir que chaque moment peut avoir beaucoup plus de substance que ce que vous aviez imaginé. Que les moments les plus simples, les moments les plus anodins peuvent devenir des moments d’une richesse infinie.


C’est ce que l’on a essayé de symboliser avec la cérémonie du thé, par exemple, en Asie. Le thé est la boisson des Asiatiques, ils passent leur journée à boire du thé, c’est donc un acte banal, routinier. Et on a créé la cérémonie du thé. On met à l’intérieur de ce moment qui est censé être banal, une véritable présence et ça devient un moment exceptionnel.

Quand des amis viennent à la maison, je propose toujours de partager le thé.


J’essaye de proposer un instant pour se poser, pour s’arrêter. Quand mon ami François a développé sa maladie, il m’a dit : « Je ne peux plus boire de thé » - « Ce n’est pas un problème, on va trouver autre chose » Alors, on a partagé l’eau chaude, juste l’eau chaude, sans rien et c’est la même cérémonie, c’est le même moment. Recevoir quelqu’un, s’asseoir ne serait-ce que 5 minutes si l’on n’a pas le temps. Partager un verre d’eau chaude, c’est précieux, c’est extraordinaire.

Pourquoi ? Parce qu’on a conscience, lui comme moi, que ce pourrait être la dernière fois. Et ça, on l’a en conscience et on ne va en louper un seul instant. On ne se donne pas le droit de le louper.


Vous avez peut-être l’impression que je parle en l’air mais j’en ai connu des gens qui auraient tout donné pour revivre un instant, juste quelques secondes, avant le drame. Parce qu’ils sont passés à côté, ils auraient tout donné pour ça. Mais on ne peut pas. Ce n’est pas possible. Alors faîtes-y attention. C’est ça la pleine attention.

Faîtes-y attention et du coup, chaque chose que l’on va partager devient la seule chose importante de ce moment-là et il n’y a rien d’autre. Ça remplit tous vos instants.


Et ça vous nourrit. Le fait de donner de cette façon-là va, effectivement, vous nourrir.


Attention ! La nourriture que vous pouvez en obtenir n’est qu’une conséquence accessoire. Ce n’est pas le but. C’est une conséquence accessoire. Si c’est là, et que vous pouvez en bénéficier, tant mieux. Si ça n’est pas là, peu importe sinon, vous revenez, à nouveau, vers cet égoïsme qui va faire que vous n’allez pas apprécier le moment présent parce que ça ne s’est pas passé comme vous, vous l’attendiez.


Pouvoir méditer sur son esprit, c’est se libérer, un peu, de toutes ces brumes, de tous ces désirs, de tous ces phantasmes, de toutes ces envies. On échappe au passé, on échappe au futur.


Rien n’est à négliger. Chaque moment, chaque acte du quotidien va nous relier au présent.Je vais vous lire un petit texte qui a été écrit par Taisen Deshimaru. Taisen Deshimaru est le 1er maître japonais qui est venu enseigner le Zen en France.

Quand les maîtres japonais ont commencé à exporter le Zen, ils ont envoyé différents maîtres dans les pays occidentaux et nous avons accueilli Taisen Deshimaru. Il est resté toute sa vie en France. Il a dit ceci : « Je vous dis souvent que la Vérité est aussi, souvent, dans les toilettes. Les toilettes sont un vrai temple.

Si vous voulez obtenir l’Éveil, vous échouerez. Si vous vous contentez, sans but, vous aurez l’Éveil même sans conscience. La plupart des gens veulent trouver la Vérité, avoir l’Éveil, comprendre la Voie. Inutile de posséder la Vérité, c’est de l’égoïsme et d’ailleurs elle existe partout : ICI ET MAINTENANT »


Voilà un texte, très court, qui résume beaucoup de choses. On est sans arrêt en train de courir après des résultats. On veut des tas de choses. On est désireux d’avoir, et en définitive, pendant que l’on a tous ces désirs, on n’est pas dans l’instant présent.

Donc autant aller aux toilettes et éliminer tout ce qui est à éliminer pour pouvoir repartir un peu plus neuf. Et c’est loin d’être bête.

Je vais vous dévoiler une partie de ma vie privée (rires).


Tous les matins, lorsque je vais aux toilettes, j’apporte un texte. Et si vous regardez les livres, chez moi, il y a un morceau de papier toilette dans tous mes livres. C’est tout ce que j’ai, à ce moment-là, comme marque-page. Et je prends un morceau très court, quelques lignes, - je n’essaye pas de lire un chapitre ou un livre, juste quelques lignes qui vont me parler à ce moment-là, sur lesquelles je vais pouvoir m’inscrire, inscrire ma pensée, inscrire ma méditation et garder ça pour ma journée.


J’ai proposé ça à mon épouse. Je lui ai dit : « Tu prends juste une ligne et tu gardes ça toute la journée » Et je lui ai posé la question au bout d’une heure. « Quelle était la ligne que tu as lue ? » Pfft ! Disparue. « Ben alors, une ligne ! » Alors ça l’a énervée. Elle a repris le livre pour aller rechercher la ligne et essayer de l’apprendre par cœur. Elle a appris cette ligne par cœur, c’était pendant que nous étions en vacances. Et elle attend que je l’interroge (Rires) Et je n’interroge pas. Quand arrive le soir, je lui demande : « Qu’est-ce que c’était la ligne ? » Re-loupé !


Voilà. Vous voyez comment notre esprit fonctionne, il est malin. On voudrait s’ancrer. Finalement, on est superficiel, on n’y arrive pas. Alors, que retenez-vous d’un livre de 800 pages ? C’est risible ! Quand on n’arrive pas à retenir une ligne !

Par contre, cette ligne, si vous la mettez en pratique. Alors là, elle s’inscrit, elle s’installe. Là, c’est différent.


La tâche de notre existence consiste à utiliser tout ce qui est à notre portée pour nous éveiller.

Peu importe ce que vous recevez, à la base. Peu importe. Les difformités physiques, les limitations physiques, les très grandes fortunes ou pas, les vies à priori faciles ou non, la stabilité ou l’instabilité. Tout ! Absolument tout et son contraire peut contribuer à vous éveiller. Lorsque vous regardez la vie de Jésus. A priori, il n’est pas né dans un système extrêmement favorable. Il ne me semble pas. Vous, vous seriez né dans une étable avec un bœuf et un âne, vous en parleriez toute votre vie comme une souffrance dès le départ. « Vous rendez-vous compte, je suis né dans une étable » On commence par dire qu’on a une vie bien galère.


Après, le restant de sa vie, ça a été vite réglé. Il se met à s’exprimer. Ça a tellement plu, qu’on l’a cloué. Si ça, c’est une vie favorable ? Eh bien, allez-y ! Faîtes pareil mais personne n’a envie de ça. Et pourtant, c’est une vie magnifique, exceptionnelle, extraordinaire et porteuse de messages qui, 2000 ans après, continuent d’avoir un sens. N’est-ce pas ça une vie extraordinaire, une vie riche, remplie ?

Alors, a-t-on besoin de tout ce luxe, de tout ce bien-être après lesquels on court ?

Ce n’est pas une absolue nécessité. Ce n’est pas ça l’essentiel.

Beaucoup de choses sont en nous. Elles sont là. Si vous vous écoutez vraiment,vous pouvez les trouver.


On peut ressentir, parfois, de l’amertume, de l’aigreur, de la colère mais le fait d’avoir la conscience de tout cela va nous éviter les conséquences, va éviter que l’on se fasse emporter par tout cela. Pour constater, finalement, - comme cette dame dont je parlais tout à l’heure - que les conséquences étaient imprévisibles et surtout qu’on ne peut plus contrôler, qu’on ne peut plus arrêter. Il trop tard.


Le défi de l’instant présent, c’est ce que vous allez en faire et qui va dépendre de ce que vous autoriserez à votre corps, à votre parole et à votre esprit. Et à partir de là,vous définissez l'instant autrement. C’est vous qui décidez de ce que vous allez laisser apparaître ou non.

Je dis cette phrase ou je ne la dis pas. Je vais agir comme ça ou je ne vais pas agir comme ça. Voilà, c’est vous qui décidez.


C’est à dire qu’avant de parler, vous avez une conscience et cette conscience va décider si oui ou non cette parole ne va être remplie de conséquences que vous n’allez plus pouvoir maîtriser. Et là, à partir du moment où l’autorisation vient toujours de vous même si au début, ce sont des efforts, très rapidement, ce ne sont plus des efforts c’est devenu vous parce que vous en avez vécu pleinement les conséquences. Et vous vous apercevez que vous faîtes beaucoup moins de dégâts.


J’ai fait beaucoup moins de dégâts depuis une vingtaine d’années que pendant un an lorsque j’étais jeune. En un an, lorsque j’étais jeune, avec tous les problèmes que je pouvais avoir et la difficulté à vivre qui était la mienne ; des dégâts, j’en ai fait plein, comme tout le monde. On dit ce qui vient et on se fout des conséquences.

On insulte ses parents et Dieu sait si je ne m’en suis pas privé. On leur bien fait comprendre que ce sont des gens détestables et je ne m’en suis pas privé non plus.

On leur claque la porte par la tête et je ne m’en suis pas privé non plus. Voilà,toutes ces choses-là, ça se fait dans des temps très courts. On n’est centré que sur soi-même, on ne pense qu’à soi-même, tout le temps.


Tout ce qui me déplaît, je le rejette. Les gens qui ne me plaisent pas, je les jette. Et ça se fait tout seul. Personne ne m’a appris. On est armé à la base pour faire ça.


Quand on a décidé de faire autrement, on s’aperçoit que tout peut changer et aujourd’hui, paradoxalement, j’ai de très bonnes relations avec mes parents.


Mais J'ai réfléchis à tout ça, des années après, pour dire stop. A partir de maintenant, - un - je travaille sur le pardon, - deux - je répare, je vois comment je vais pouvoir réparer, je propose la réparation et j’ai proposé à mes parents la réparation, et au bout du compte, on s’est tous apaisé. Ça n’enlève pas mon passé mais je l’ai réparé et je n’ai plus besoin d’y revenir. C’est fini ! Parce que je suis dans le présent, maintenant. Et je ne peux pas, en permanence, y revenir en disant : «Dans le passé, quand j’étais enfant... » Quelle perte de temps ! Là, encore une fois,vous n’êtes plus dans le présent. Le présent, c’est là, tout de suite, maintenant.


Lorsqu’on est porté, par moment, par quelque chose qui nous attire, qui nous fait plaisir, on a le sentiment qu’on a une sorte d’éternité qui s’installe. Je pourrais vous amener dans un endroit, d’une beauté exceptionnelle, un endroit qui favoriserait la méditation où vous auriez l’impression, comme les gens peuvent dire très facilement : « Ici, c’est un petit paradis ». Je vous amène là et je vous dis :«Maintenant, tu es ici, tu es bloqué pendant un an, tu ne peux plus bouger». Vous allez voir comment va se transformer votre petit paradis. Très rapidement, votre petit paradis, par le biais de vos pensées, va devenir un enfer. Alors, c’est un paradis ou c’est un enfer ? Que faut-il en conclure ? Que ça n’est ni l’un ni l’autre !

Que le paradis, il est en vous et vous pouvez, comme Soeur Emmanuelle vous retrouver au Caire au milieu des poubelles et y voir le Paradis. Y rester plus de 20ans, et refuser de partir quand aura sonné l'heure de la retraite. Au milieu des poubelles, au milieu d’une souffrance sans limite, elle y a vu le Paradis.


C’est une femme que l’on a forcée à prendre sa retraite, on l’a arrachée de là et le diocèse a dit : « Ça suffit ! Maintenant vous êtes à la retraite, vous venez en Provence, c’est un bel endroit, magnifique » Dès qu’elle y est arrivée, la 1ère semaine, elle a dit qu’elle s’ennuyait terriblement. Elle est allée dans les rues, elle a vu des SDF, elle a dit : « YALLAH ! Je m’engage pour les SDF» et, elle est repartie au combat. Quand on lui a demandé : « Qu’allez-vous faire ? » - « Vous savez ce que je voudrais faire, c’est aller avec les SDF et dormir avec eux, dehors. Vivre avec eux, partager avec eux, comme eux mais on me l’interdit » Elle n’était pas contente parce qu’elle avait sa chambre, son truc, son machin. Vous voyez, c’est ça la force intérieure. Ça, c’est puissant. Ce sont des modèles.


Quand j’en parle aux gens, ils me disent : « Oui, mais on ne peut pas tous être des saints » - « d’accord ! Mais on peut faire mieux que ce que l’on fait. » On n’est pas obligé d’être Soeur Emmanuelle, mais on peut essayer de remplir chaque seconde avec cette énergie-là. Et vous allez voir que ça change tout. Ça change tout.


Au lieu de juger comme on peut le faire très rapidement.


On a des jugements tellement hâtifs, ça va trop vite. C’est dommage parce que l’on passe à côté de tout ce que l'instant peut nous apporter. Si je vous mets, là,maintenant, au milieu des poubelles du Caire et que vous arrivez avec les jugements que nous avons l’habitude d’utiliser chez nous. Comment faîtes-vous ?

C’est très compliqué.


On ne peut pas fonctionner tout le temps comme ça, il y a des limites à ça aussi. Et ces limites, ce sont nos propres souffrances. C’est là-dessus qu’il faut essayer de comprendre qu’on peut lâcher prise, qu’on peut s’ouvrir, à nouveau, à tout cet espace qui nous entoure. Quel que soit l’espace dans lequel vous vous trouvez. Peu importe. C’est bien ça que Soeur Emmanuelle nous dit : « Peu importe le lieu où vous vous trouvez, peu importe vos conditions, c’est en vous que ce trouve le Temple. C’est en vous que se trouve l’Amour. Alors, allez-y ! Foncez !


Et là-dedans, il y a une véritable béatitude à vivre comme ça. Parce qu’on n’est pas préoccupé de savoir si on va rencontrer des gens gentils ou non, des gens qui vont m’aimer ou non, des gens qui vont me faire plaisir ou pas, des gens qui vont me faire des cadeaux ou pas. On s’en fout, ça n’a plus aucune importance. Ce n’est pas ça que l’on cherche. On est libéré de tellement de choses qui pourraient nous faire du mal.

Ça va nous permettre de nous lier d’amitié avec nous-mêmes.


On va découvrir ce que c’est que notre propre colère, ce que c’est que le dénigrement de soi-même, quels sont nos désirs insatiables, quels sont nos besoins, quelles sont nos sources d’ennui, nos frustrations. Et on va entrer en amitié avec tout cela. On va comprendre que tout cela, ça n’est que dans notre esprit.


Pour chaque situation, vous allez découvrir son revers, elle a une autre face. Vous,vous la voyez sur cette face-là, essayez de voir l’autre face. Et d’un seul coup, ça change. Ça dépend de vous.


Encore une petite histoire pour illustrer. Une histoire que ceux qui suivaient les cours d’arts martiaux, à l’époque, ont déjà entendue. C’est une histoire qui nous amène au Japon féodal, à la fin de l’époque des samouraïs. Les samouraïs étaient des gens au plus au niveau de la féodalité japonaise. Ils se sont retrouvés, en un temps très court, rejetés par la société et sans utilité. Ils n’avaient plus leur place. Beaucoup ont erré, dans le pays, à la recherche de maîtres. Un samouraï - à cette époque-là, les samouraïs étaient quasiment des mendiants, à l’allure plus ou moins correcte parce qu’ils n’avaient plus d’argent va voir un maître et lui dit : « J’aimerais que vous m’expliquiez ce qu’est le paradis et l’enfer. J’aimerais comprendre cette notion-là »


Le maître le regarde : « Toi ! Gros balourd que tu es ! Mais tu t’es vu ? Comment veux-tu qu’un abruti comme toi comprenne ce qu’est le paradis ou l’enfer ? Tu ne comprendras jamais. » Et là, le samouraï, vexé au plus haut point, prend son sabre et le brandit, alors le maître lui dit: « Ça, c’est l’enfer ». Là, il comprend quelque chose, il se voit avec sa colère, avec sa haine, avec sa violence. Il comprend bien qu’il est en train de faire quelque chose de destructeur. Alors, il range son sabre, il joint ses mains et demande pardon. Le Maître lui dit : « Ça, c’est le Paradis ! »


Voilà une petite histoire, une petite parabole que vous pouvez appliquer dans votre vie, facilement. Je sors le sabre ou je joins les mains. A vous de savoir quelle attitude vous allez adopter. Et vous aurez les conséquences qui conviennent. Si vous sortez le sabre, vous aurez les conséquences du sabre. Si vous joignez les mains,vous en aurez les conséquences.


En même temps, si j’ai raconté cette histoire, ce n’est pas pour qu’on en revienne àla dualité « paradis enfer » Ce n’est pas du tout l’idée. On peut se débarrasser de toutes ces notions aussi.

On va essayer d’ouvrir son cœur, son esprit pour pouvoir accepter chaque chose telle qu’elle est, sans l’étiqueter systématiquement: c’est bon ou c’est mauvais, ça me plaît ou ça ne me plaît pas, c’est convenable ou ça ne l’est pas. On va essayer,aussi, de se libérer de ça. C’est, en fait, la seule manière de se rendre compte que quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, vous pouvez toujours garder un centre. Ce centre, ça peut être le guide de toute votre vie.


Dans la mesure où l’on aura observé son esprit, où l’on aura observé les risques qu’il y a à l’attachement, les risques qu’il y a à vivre à travers une ignorance quasiment continuelle - qui va nous faire beaucoup souffrir - les risques qu’il peut y avoir au travers de la colère. On va pouvoir s’en libérer par la Pleine Conscience, par la méditation et, finalement, ne plus avoir besoin de ces éléments-là pour avancer.


On va avancer dans un autre véhicule et l’on va trouver d’autres moyens de communiquer. Et ces autres moyens vont nous dégager de toutes les conséquences. Finalement, le conflit n’est pas une nécessité, le conflit ne règle pas forcément tout. Ce qui ne veut pas dire, pour autant, que l’on doive s’abaisser à chaque fois. Ça ne veut pas dire que l’on n’a pas d’idée. Ça ne veut pas dire que l’on ne sait pas où on veut aller.


Pour ceux qui me connaissent bien, vous savez, qu’envers et contre tout, j’ai toujours suivi mon chemin. Toujours ! Pourtant ça en a fait des conflits. Ça n’a pas manqué. Mon épouse pourrait en témoigner.


Ce n’était pas simple de rester sur le chemin où j’étais. On a tout fait pour m’en dissuader. Et pourtant, aujourd’hui, je reste en paix avec tout le monde. Les choses se sont, petit à petit, apaisées et tout le monde a fini par trouver sa place, y compris ceux qui, a priori, m'étaient farouchement opposés.


Tout cela fait partie de cette discipline et de cette certitude que ce que l’on fait est juste.


Ensuite, ne pas avoir l’assentiment des gens autour de vous, ne pas avoir leur accord, ne pas être compris, n’est pas si important. Ce n’est pas essentiel.


A priori, Jésus n’a pas été compris et pourtant, il n’a pas changé d’avis. Et je pense qu’il a eu raison de ne pas changer d’avis.


Laissez cette curiosité vous permettre de savourer chaque moment, ne pas oublier que l’expérience vécue est la seule chose qui vous permette d’avancer.


Vous pouvez tout rompre, tout casser : rompre votre mariage, changer d’amis,changer de pratique, changer de travail, changer de pays, si vous avez des démons à l’intérieur de vous, ils vous suivront. Quoi que vous ayez cassé, ils vous suivront.


Fuir n’a jamais été une solution, ces démons voyagent avec vous. Ils sont là en vous. Donc le but, si l’on veut vraiment vivre autrement, sera de se libérer de cette illusion.


La finalité c’est que tous ces démons qui auront été là, toute votre vie, en définitive,vous allez vous apercevoir qu’ils vont devenir vos compagnons parce qu’en prendre conscience, c’est finalement, se les approprier et leur rendre hommage parce qu’ils vous ont permis d’avancer.


Vous ne pouvez comprendre la jalousie que si vous vivez la jalousie. De façont héorique, vous pouvez avoir une idée de la jalousie mais posez des questions à ceux qui, d’un seul coup, sont dévorés par ça et vous verrez qu’ils n’ont pas la même façon de la décrire, que vous, si vous n’avez pas encore vécu cette chose-là.

Donc on a besoin de ces démons pour avancer, pour mettre notre pratique à l’épreuve, on ne peut pas faire autrement. Du coup, n’ayez pas peur de l’épreuve,ne fuyez pas l’épreuve, ne redoutez pas l’épreuve, espérez-là, désirez-là parce que c’est elle qui va vous aider à avancer.


Alors, pour terminer, se souhaiter une bonne année, c’est quoi ? Se souhaiter une année pleine d’épreuves ou une année sans épreuve ? Il me semble que d’avoir des épreuves, lorsqu’on a la Pleine Conscience, c’est la meilleure chose qu’il puisse nous arriver. Maintenant, les épreuves sans la conscience, c’est vraiment là qu’est la souffrance. Subir tout le temps les choses, c’est très douloureux .


A partir du moment où on se libère de cette ignorance, alors les épreuves peuvent venir. Pas de problème. Les épreuves peuvent venir d’où qu’elles viennent. D’où qu’elles viennent, on est prêt. On les accueillera. On ne va pas les refuser, on ne pas les rejeter, on ne va pas les repousser, on va les accueillir comme on accueillerait un ami parce qu’il va nous apprendre quelque chose, parce qu’on ne peut grandir que grâce à cette épreuve. On est ravi. Tout ce qui est déjà acquis a beaucoup moins d’intérêt, tout ce qui ne l’est pas est beaucoup plus intéressant parce que ça vous permet de vous pousser un tout petit peu, de vous dépasser, d’essayer encore d’aller un peu plus loin.


Donc ne soyez pas désespérés quand vous avez mal géré une épreuve. Surtout pas ! Rentrez en amitié avec vous-mêmes, ne soyez pas désespérés, ne vous rajoutez pas trop de souffrance. Ça n’est pas facile. Tout ce que je dis là n’est pas simple. Il a fallu des siècles pour que des gens puissent comprendre comment décortiquer notre esprit.


On se trompe tous et on se trompera encore mais acceptez simplement, avec beaucoup d’humilité que vous vous êtes trompés. Écoutez la voie de la Sagesse et remettez-vous-y et recommencez. Le succès est au bout. Je vous l’assure, je vous le garantis. Le succès est au bout, vous trouverez ce que vous cherchez. Vous ne pouvez que trouver donc n’ayez pas peur de louper.


Mon 1er maître de Kung-fu me disait: « Mille erreurs pour une réussite » Mille erreurs ! Et c’est vrai que quand vous vous êtes plantés mille fois, vous connaissez toutes les sources d’erreurs, il n’y en a pas une qui vous a échappée.


Après, vous ferez juste pour le reste de votre vie. Donc, allez ! Comme dirait Sœur Emmanuelle et pour finir avec elle parce que je l’aime beaucoup : « YALLAH ! » On y va ! C’était son mot favori. « YALLAH ! » On y va ! Mais on ne va pas que dans les bonnes directions. Là où l’on sent qu’il y a l’épreuve, là où l’on sent qu’il y a l’obstacle, on fonce dedans. Et elle fonçait dedans. Et elle disait, ce qui m’a toujours beaucoup fait rire: « Vous savez, quand il y a un problème, un obstacle, je fonce dedans les 2 pieds au milieu, mais je suis la seule parce que mes sœurs, elles contournent». Et oui, on a plutôt tendance à contourner parce qu’on a un peu peur.

Eh bien non ! Foncez dedans et vous verrez bien, que là, vous allez être obligés d’inter-agir avec des choses qui sont un peu rapides, un peu immédiates, qui vous bousculent un peu, sur lesquelles il faut agir sans avoir le temps de trop réfléchir et peut-être que vous allez découvrir quelque chose. Trop analyser, tss, tss !


Il y a une personne que j’ai vue cette semaine, je lui ai dit: « Vous, je vous connais depuis à peu près 15 ans.


Depuis 15 ans, vous êtes sur la ligne de départ et vous continuer de vérifier votre bagnole pour savoir si tout est en état mais je vous promets, tout le monde est parti. Il n’y a plus personne sur la ligne, il n’y a plus que vous. Alors, quand vou svoulez vous montez dans votre bagnole et vous vous dîtes que vous verrez bien, au fur et à mesure, ce qui vous attend». C’était un peu brutal, je le reconnais mais c’était la réalité. Parce que vous, les Occidentaux, vous êtes forts dans les analyses.

Analyser, analyser, analyser, c’est stupéfiant les capacités d’analyse que l’on a.


Avez-vous avez des questions ou des commentaires ?


On aura une petite pensée pour un de mes Maîtres qui est en train de finir sa vie.

C’est une grande joie de partager la fin de vie d’une personne qui a consacré son existence aux autres et qui continue de faire preuve de compassion pour les autres, tout en étant en train de finir la sienne. C’est le dernier enseignement qu’il m’a apporté et il m’a demandé de vous le partager.

Quand le lui ai demandé quel était le message que l’on pourrait donner aux Occidentaux, il m’a dit : « Montre-leur la voie du contentement ».


Le contentement: apprécier ce que l’on a plutôt que de regretter ce que l’on n’a pas. Vivre l’instant en étant ravi de le vivre plutôt que de regretter ce qui nous manque, ce qui ne se passe pas comme on veut. Ce qui ne nous permet d’apprécier juste cet instant pour ce qu’il est.


Je suis en train d’écrire un livre sur lui mais il ne faut pas que vous soyez pressés.

C’était l’une des personnes les plus importantes du Tibet, à une certaine période, et puis finalement un homme anonyme à la fin de sa vie parce qu’il l’a désiré. Dans l’anonymat le plus total, il disparaît. Formidable ! Il vit dans 10 m2, rempli de cafards et il est heureux et pleinement heureux. Les cafards, j’ai voulu les enlever parce que quand je suis arrivé, j’ai dit : « On va nettoyer, là-dedans » Il avait un vieux poste de radio, tout pourri. Il me dit: « Non ! Non ! Faut pas toucher. C’est HLM des cafards,là-dedans. (Rires) Il y a beaucoup de familles qui vivent là. - « Pardon ! Pardon ! »


Voilà! Vivre avec une autre conscience, c’est beaucoup plus lumineux que ce qu’on fait, habituellement, chez nous. C’est vrai que chez nous, on nettoie l’extérieur, il faut que ce soit net mais l’intérieur. Hum ! Ce n’est pas si net, ce n’est pas « Destop» qui permet de nettoyer l’intérieur de notre esprit. Ça ne marche pas. Pourtant, on en a des produits, il n’y en a aucun qui fonctionne.


Mr Martin, vous êtes un sage !

Non ! Non ! J’y travaille, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux guides sur mon chemin, très tôt dans ma vie, très très tôt.


Jeanne d’Arc ayant été la 1ère quand j’avais 6 ans. J’ai découvert sa vie et je me suis dit: « La vie de cette femme, c’est génial. Moi, je veux ça. Je veux une vie riche comme ça, remplie comme elle. Et j’ai prié. On m’avait appris ça au catéchisme, alors j’ai prié en demandant d'être exaucé , tous les jours, tous les jours, jusqu’à l’âge de 15-16 ans, je n’ai pas lâché. C’est pour ça que je vous dis: «Ne lâchez pas ! Accrochez-vous !


Il y a quelque chose au bout mais si vous arrêtez de ramer, vous ne trouverez jamais.» Même si on doute, même si par moment certains me disent: « Pfft ! Mais je rame! Ça fait des années que je rame!» - «Mais oui, mais tu tournes en rond, là. Ça ne va pas, il faut ramer dans une direction et garder sa direction, garde ton cap. Ne le lâche pas, ne te laisse pas avoir par tes pensées qui, de nouveau, te font tourner en rond»


Nos pensées peuvent nous détruire. C’est le but de notre égo. Il n’est là que pour ça. Donc gardez un cap et ne le lâchez plus !


Merci beaucoup.

 
 
 

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